Belgique-Afrique : « Notre relation avec la RDC nous a conduit à diversifier notre présence sur le continent »

Le directeur de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture belgo-luxembourgeoise (CBL) explique à Jeune Afrique la stratégie des entreprises belges sur le continent africain.

Jacques Evrard © DR

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Publié le 19 décembre 2019 Lecture : 2 minutes.

Le Premier ministre belge Charles Michel accueille son homologue congolais Félix Tshisekedi  sur la place Egmont à Bruxelles, le mardi 17 septembre 2009 © AP Photo/Virginia Mayo
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Belgique-Afrique : réunion de famille

Bruxelles veut profiter de l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi pour apaiser ses relations avec Kinshasa, son principal partenaire africain. Et, au-delà, réaffirmer sa présence économique et diplomatique sur l’ensemble du continent.

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Transports, manutentions, logistique portuaire… Les entreprises belges sont souvent « discrètes » mais « dynamiques » sur le continent africain, estime Jacques Évrard, directeur de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture belgo-luxembourgeoise (CBL).

Jeune Afrique : Qui sont les actuels fleurons industriels belges en Afrique dans la tradition de l’ancienne Société générale de Belgique (SGB) ?

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Jacques Évrard : Pendant longtemps, la politique industrielle belge a reposé, au-delà du charbon, de la sidérurgie et des industries de transformation, sur la Société générale de Belgique. Celle-ci était présente dans tous les secteurs. Avec le phénomène de la régionalisation, la SGB a été abandonnée et revendue par pièces à des acteurs étrangers. Par exemple, dans le transport maritime, ce que le groupe Bolloré détient hors d’Afrique francophone provient principalement du rachat des activités de l’ancienne Compagnie maritime belge, filiale de la SGB. De ce fait, la Belgique n’a plus vraiment de multi­nationales. Les régions mettent aujourd’hui en avant des entreprises davantage ancrées dans leur terroir.

Dans quels domaines opèrent aujourd’hui les entreprises belges?

Elles ont principalement des spécialités de niche, dans les transports, la manutention ou la logistique portuaire. Ces entreprises sont souvent discrètes mais dynamiques. Dans le domaine du dragage, où l’on ne recense que quatre sociétés importantes dans le monde, deux sont belges.

On compte aussi des acteurs de la logistique capables de concurrencer Bolloré, comme les groupes anversois Comexas et Polytra. Le gantois Sea Invest s’est installé sur le port ivoirien de San Pedro et le port d’Anvers gère celui de Cotonou. Des sociétés aux profils très variés existent en parallèle. La flamande Frisomat propose des entrepôts clé en main, et la wallonne John Cockerill (ex-CMI) s’est spécialisée dans les ateliers de précision. Le groupe Lhoist produit de la chaux et des minéraux, pendant que le constructeur Van Hool vend ses bus en Algérie et qu’une filiale de l’opérateur de télécoms Proximus contribue à équiper l’Afrique en 5G.

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Vous avez assisté à la venue, en septembre, du président congolais, Félix Tshisekedi, en Belgique. Faut-il s’attendre à une vraie réouverture sur le plan économique?

Notre relation amour-haine avec la RDC nous a conduit à diversifier notre présence sur le continent pour des raisons politiques. Cette réouverture va prendre du temps. Mais c’est vrai que nous avons l’avantage de très bien connaître le pays et que nous avons une grande expertise à offrir, notamment au sujet de l’infrastructure de navigation sur le fleuve Congo. En Belgique, les jeunes entrepreneurs ont une nouvelle approche du pays. Ce n’est plus la « Belgique de papa » mais la volonté de nouer des vrais partenariats stratégiques qui domine.

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L’approche des entreprises membres de votre chambre de commerce est-elle en train d’évoluer à l’égard de l’Afrique?

Oui, et nous aimerions d’ailleurs développer des missions davantage axées sur l’investissement que des missions où les sociétés participantes ont juste quelque chose à vendre. Une évolution en ce sens est en cours.

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