Dragage maritime : quand la Belgique truste le continent africain

Les compagnies maritimes Deme et Jan De Nul, après avoir protégé les côtes flamandes, aménagé les ports et creusé les canaux qui irriguent le Benelux, ont su s’internationaliser vers un marché africain où elles comptent aujourd’hui parmi les quatre grands acteurs internationaux d’un secteur très spécifique et déterminant pour le continent.

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Publié le 20 décembre 2019 Lecture : 2 minutes.

Le Premier ministre belge Charles Michel accueille son homologue congolais Félix Tshisekedi  sur la place Egmont à Bruxelles, le mardi 17 septembre 2009 © AP Photo/Virginia Mayo
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Belgique-Afrique : réunion de famille

Bruxelles veut profiter de l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi pour apaiser ses relations avec Kinshasa, son principal partenaire africain. Et, au-delà, réaffirmer sa présence économique et diplomatique sur l’ensemble du continent.

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Chez les De Nul, le génie, qu’il soit civil ou maritime, c’est de famille. Lancée en 1938 par Jan De Nul, la société, aujourd’hui dirigée par ses fils, Jan Pieter et Dirk, est devenue l’un des leaders mondiaux du dragage maritime.

À l’origine une entreprise de construction, Jan De Nul ne s’est intéressée à ce secteur qu’au début des années 1980. Le dragage maritime représente aujourd’hui les trois quarts de son chiffre d’affaires, estimé à 1,7 milliard d’euros en 2018.

L’Afrique est un vaste chantier

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En 1973, pour son premier projet hors d’Europe, le groupe effectue un chantier en Libye. Après avoir étendu ses activités au monde entier – il a notamment pris part à la construction du nouvel aéroport de Hong Kong –, il investit à nouveau l’Afrique, où ses dragues géantes, comme le Cristóbal Colón, capable d’aspirer jusqu’à 78 000 tonnes, font des merveilles. Jan De Nul a attaqué le continent par la face Nord (Égypte et Libye), avant de se tourner vers l’Ouest et sa côte si friable.

Le Cristóbal Colón peut aspirer jusqu’à 78 000 tonnes de sédiments. © Jan de Nul

Le Cristóbal Colón peut aspirer jusqu’à 78 000 tonnes de sédiments. © Jan de Nul

Du Maroc à la RD Congo, le groupe multiplie les contrats dans le dragage et le remblayage, l’assainissement des terrains et la construction d’infrastructures. « L’Afrique est un vaste chantier », confirme Hans Cami, directeur du développement pour l’Afrique.

Le continent ne contribue encore qu’à hauteur de 7 % dans les résultats de Jan De Nul, mais l’opérateur dispose de sa propre stratégie pour accélérer les commandes. « Conception, construction et financement, nous sommes en mesure de gérer l’ensemble d’un projet », explique Hans Cami.

Comme c’est le cas à Takoradi, au Ghana, où l’entreprise participe financièrement aux travaux avant de se rembourser grâce à la mise en concession des nouvelles installations. Un modèle qu’elle compte bien développer ailleurs en Afrique.

  • Deme
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En bientôt cent cinquante ans d’existence, le groupe Dredging, Environmental and Marine Engineering (Deme) est passé des canaux de Bruges à la construction de l’un des plus grands projets urbains du monde, celui d’Eko Atlantic, au Nigeria.

Il s’agit ni plus ni moins de gagner 800 ha sur la mer pour construire une ville nouvelle capable d’accueillir 200 000 personnes dans la banlieue de Lagos. Un défi à la hauteur des prouesses déjà réalisées par Deme partout dans le monde.

Le chantier d'Ekko Atlantic City, actuellement le plus grand projet de construction en Afrique, sur Victoria Island, Lagos, Nigéria, le 19 mai 2014. © Gwenn DUBOURTHOUMIEU pour Jeune Afrique

Le chantier d'Ekko Atlantic City, actuellement le plus grand projet de construction en Afrique, sur Victoria Island, Lagos, Nigéria, le 19 mai 2014. © Gwenn DUBOURTHOUMIEU pour Jeune Afrique

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Présente dès 1903 en Argentine, la vénérable compagnie attend la fin des années 1980 pour débarquer en Afrique. Elle drague alors l’embouchure du fleuve Congo, à Boma et à Matadi, avant de conquérir le reste du continent.

Notamment le Nigeria, « aujourd’hui notre principal client en Afrique », précise Steven Poppe, le directeur régional de Deme. Conscient du potentiel offert par le continent dans ses différents métiers – offshore pétrolier et gazier, ingénierie maritime et civile et, depuis peu, offshore éolien –, Deme quadrille le marché grâce à quatre sièges régionaux, en Angola, au Ghana, au Mozambique et au Nigeria. Avant une éventuelle implantation en Afrique de l’Est, « où la concurrence chinoise est plus forte », reprend Steven Poppe.

Le groupe belge a bien assez à faire ailleurs sur le continent. Entre la protection des côtes ghanéennes et nigérianes, les dragages en cours à Suez (Égypte) et à Durban (Afrique du Sud), et l’extension des terminaux de Tanger Med, au Maroc, l’Afrique représente 18 % du 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires réalisé par Deme en 2018 sur ses activités maritimes. En attendant d’installer au large les premières fermes éoliennes.

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