Marrakech, Douala, Dakar ou Bamako : à la découverte de ces rooftops qui montent
Aménagés en bars lounge et clubs de nuit, ces toits-terrasses font fureur en Afrique. Tour d’horizon des meilleurs spots.
Si les toits des célèbres buildings de New York ont longtemps servi à faire sécher le linge au soleil, ils ont été réaménagés dans les années 2000 pour accueillir des bars lounge et des clubs de nuit à ciel ouvert, offrant une vue panoramique sur la skyline. Skybars, rooftops, toits-terrasses… Appelez comme vous voudrez ce concept né sur les hauteurs de Big Apple, qui a conquis l’Europe et qui monte aujourd’hui en Afrique.
Portés par le succès florissant de l’hôtellerie cinq étoiles (48 % du marché en Afrique de l’Ouest en 2018), les établissements de haut standing du continent misent aujourd’hui sur cette tendance qui a d’ores et déjà conquis leur clientèle d’affaires cosmopolite autour du globe. Avec un avantage supplémentaire : contrairement à ceux des capitales européennes et américaines, qui ne sont souvent ouverts que l’été, les rooftops africains peuvent accueillir leurs hôtes toute l’année.
En marge des grands complexes touristiques calqués sur le modèle occidental fleurissent aussi des sites plus atypiques, conçus dans le respect de la topographie du territoire, avec vue plongeante sur la mer ou sur des terrains verts, plébiscités par la jeunesse branchée. Ainsi Babi redéfinit ses maquis, Marrakech revisite ses riads, Tunis et Dakar investissent leurs buttes et collines… À chaque ville son urbanisme et son patrimoine, à chaque concept son positionnement. Tour d’horizon, haut perché, des meilleures adresses du continent.
• Marrakech – au sommet de l’hôtel The Source
Niché au-dessus du restaurant de cet hôtel 4 étoiles inauguré en 2015, à 10 km du centre-ville, sur la route de l’Ourika, ce rooftop aux allures de salon « beldi » chic offre une vue à 360 degrés sur deux hectares de jardin parsemés de cactus, d’oliviers et d’orangers.
Un véritable écrin de verdure, comme l’avait imaginé le Français Laurent Cohen pour son luxueux établissement qui dispose de 13 chambres, dont quatre suites et deux villas. « Quand le chantier a commencé, en 2010, c’était désert, se souvient Julie Strasser, directrice commerciale. Tout a été construit pierre par pierre dans l’idée de pouvoir contempler la nature. »
Mais c’est surtout grâce à son ouverture panoramique sur l’Atlas que le bar à cocktails de The Source se distingue. Pendant la belle saison, on y admire le coucher de soleil à la lueur des lampions tout en profitant de concerts live ponctuels. Tandis qu’« en hiver, la vue sur les montagnes enneigées est exceptionnelle ».
• Douala – En plein ciel, à l’hôtel Beauséjour-Mirabel
Yaoundé peut se targuer d’héberger le très cossu Panoramique, skybar perché au 11e étage de l’hôtel Hilton. Mais Douala n’est pas en reste avec Plein Ciel, un toit-terrasse plus modeste, mais dont la programmation en période de fêtes a de quoi secouer le vieux quartier d’affaires d’Akwa.
Tous les dimanches de décembre et jusqu’au 5 janvier 2020, l’esplanade de l’hôtel Beauséjour accueille Les Sundayz : le rendez-vous musical hype de la capitale économique du Cameroun.
Depuis le lancement du concept, en 2015, ce sont chaque fois plus de 200 personnes, majoritairement jeunes, qui s’y massent, cocktail ou chicha à la main, pour festoyer au rythme de l’afro-pop impulsée par la crème des DJ locaux. Le reste de l’année, le rooftop est ouvert pour le déjeuner ou le dîner.
• Dakar – Cap sur le Phare des Mamelles
On a dû rehausser le sol de la terrasse de 50 m et tout remettre à plat
Direction le point culminant de Dakar, sur l’une des deux collines des Mamelles de la presqu’île du Cap Vert. C’est ici que se dresse, depuis 1864, le phare du même nom, symbole du patrimoine national, qui sert encore de repère aux navigateurs. Nouveauté depuis décembre 2017, un restaurant doté d’un rooftop à la décoration industrielle et élégante vient animer ce site longtemps déserté par les entrepreneurs.
Un pari fou que l’on doit au couple formé par la Sénégalaise Diana Malick et le Marocain Hicham Bounaffa. « Dakar est un pays plat ! Nos fournisseurs et techniciens rechignent parfois à monter ! », s’amuse le cofondateur.
D’où le caractère assez exceptionnel du lieu qui domine la ville – de la pointe des Almadies au nord à l’île de Gorée au sud, en passant par le monument de la Renaissance africaine – et l’océan. « On a dû rehausser le sol de la terrasse de 50 m et tout remettre à plat pour que nos clients puissent tous profiter du panorama », détaille Hicham.
Pour y accéder, à 126 m au-dessus du niveau de la mer, il faut grimper dans l’une des navettes gratuites qui desservent le site toute la nuit à partir du jeudi, 19 heures, quand le phare ferme ses portes au public.
Une fois perchée, la clientèle, composée de Sénégalais, d’expatriés européens et de membres de la diaspora libanaise, peut enfin festoyer au son de la playlist internationale de DJ triés sur le volet. Un concept chic mais pas VIP, qui a permis d’augmenter la fréquentation du phare.
• Abidjan – Sur les toits du Tôa
En matière de rooftop, Babi s’est fait une réputation grâce à la spacieuse terrasse arty du Bushman Café. Ce concept hybride entre restaurant, galerie et bar culturel a été créé en 2016 par le diplomate et collectionneur d’art Alain Kablan Porquet. Logé au deuxième étage, ce havre de paix où se donnent rendez-vous les intelligentsias ivoirienne et étrangère est la garantie d’une pause-café, détente et nature.
Dans le sud de la ville, sur l’artère VGE, les lumières artificielles se mêlent aux feux des véhicules traversant le tentaculaire pont Henri-Konan-Bédié… Voilà le spectacle nocturne que révèle le Tôa.
Ce buddha bar suspendu inspiré des terrasses balinaises est installé depuis 2010 au troisième étage de l’imposant immeuble Massaï. Palmiers, bambous, parasols… Une fois confortablement assis dans l’un des fauteuils douillets, à la main un cocktail aussi sucré que la note est salée, on oublie vite le brouhaha de la ville. Ici, dress code chic oblige, l’ambiance se veut lounge et huppée. Et le dépaysement, que l’on retrouve également dans l’assiette aux saveurs eurasiennes, total.
• Tunis – Sur les hauteurs de l’hôtel Dar el Jeld
Réconcilier les Tunisois avec la médina, c’est l’objectif que s’est fixé l’équipe de l’hôtel spa Dar el Jeld, campé dans la rue du même nom, au cœur de la vieille ville.
Cet ancien hammam désaffecté a rouvert ses portes en 2017 après huit ans de travaux. Depuis, une quarantaine de personnes se réunissent régulièrement à son sommet pour découvrir la jolie terrasse immaculée donnant sur les toits tout aussi blancs du centre historique de Tunis.
Nous avons voulu réinstaller la vie nocturne qu’il y avait autrefois
Habituellement boudée par les quidams à la tombée de la nuit, la médina peut désormais revivre au crépuscule. « Nous avons voulu réinstaller la vie nocturne qu’il y avait autrefois, commente Lofti Hamadi, gérant du rooftop.
La fréquentation du toit-terrasse, et de l’établissement dans son ensemble, permet de recréer une dynamique économique et de sauvegarder l’artisanat qui fait la réputation de la vieille ville. » Mais pas question d’organiser des after work survoltés. Dans une ambiance contemplative et raffinée sur fond de musique chill, le visiteur est invité à vivre une expérience en harmonie avec les vieilles pierres.
• Bamako – Ibiza Sky, en apesanteur
Impossible de manquer ses néons roses. Logé au-dessus du club du même nom, ce vaste rooftop situé à quelques encablures de la rue Princesse, réputée pour ses nombreux bars et discothèques, est devenu le nouveau QG de la jeunesse bamakoise en un an seulement.
Avec ses impressionnantes baies vitrées lumineuses, son décor futuriste, ses orchestres ou playlists taillées pour Trace TV, ce skybar a su reconquérir sa clientèle, qui avait peu à peu déserté la mythique boîte de nuit. On y va pour s’ambiancer et dîner (au menu : une cuisine variée de qualité mais sans prétention, des cocktails, du champagne, des softs…), avant de fouler les planches jusqu’à l’aube.
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