Tunisie : Kaïs Saïed, le président que 2019 n’attendait pas

Mystérieux, il s’exprime peu et prend son temps pour s’imprégner de la fonction. Même s’il jouit encore d’un préjugé favorable, le chef de l’État sait qu’il doit rendre espoir au pays. Et vite.

Le candidat Kaïs Saïed en campagne à Tunis, le 10 septembre. © FETHI BELAID/AFP

Le candidat Kaïs Saïed en campagne à Tunis, le 10 septembre. © FETHI BELAID/AFP

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Publié le 26 décembre 2019 Lecture : 6 minutes.

Investi chef de l’État le 23 octobre 2019, Kaïs Saïed a désormais droit à son best of vidéo mensuel : cinq minutes de plans saccadés diffusés sur la page Facebook de la présidence tunisienne, où de rares extraits de discours sont entrecoupés d’une musique aux accents martiaux. De quoi donner un air grandiloquent à cet universitaire sans parti, dont la droiture et l’austérité tranchent avec les fastes de la fonction.

https://www.facebook.com/Presidence.tn/videos/1451537171662227/

Outre Youssef Chahed et Habib Jemli – respectivement ancien et nouveau chefs du gouvernement – , les leaders de partis et les indépendants défilent au palais de Carthage. Journalistes, représentants d’instances républicaines ou du syndicat UGTT font eux aussi partie de cet incessant ballet.

Hyperactif, Kaïs Saïed (61 ans) reste un président inclassable, à la communication archi-verrouillée. Peu disert, il n’a pas donné d’interviews depuis son intronisation : tout au plus quelques points de presse au gré de ses déplacements. Il a fait le pari osé de se passer de porte-parole.

Ceux qui se risquent à commenter ses premiers pas requièrent l’anonymat ou en sont réduits à faire des comparaisons. « Il incarne le pays. Pour mener des négociations, il faut une personnalité suffisamment forte, de l’étoffe d’un Bourguiba ou d’un Béji Caïd Essebsi », glisse une source gouvernementale.

« Ses prédécesseurs, élevés à l’école du bourguibisme, se présentaient exclusivement comme des figures paternalistes. Lui a l’avantage d’être à l’écoute », rétorque Zouhair Maghzaoui, secrétaire général du parti Echaab (gauche). Reçu à Carthage, le populiste Seifeddine Makhlouf, député d’Al Karama, résume, perplexe : « Il nous a écoutés sans donner son avis, comme si on passait un examen et qu’il notait “vu”. Nous connaissons Kaïs Saïed le juriste, mais tout le monde attend de voir Kaïs Saïed le politicien. »

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