Tunisie : à l’ombre d’Ennahdha, Habib Jemli a échoué à obtenir la confiance des députés
Le large rejet par les députés du nouveau gouvernement intervient au terme d’âpres négociations. Habib Jemli s’est attiré les foudres des modernistes, au point d’être accusé de n’être que l’homme de paille d’Ennahdha.
À l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), les élus de l’opposition n’en démordent pas : la copie gouvernementale présentée par Habib Jemli au début de janvier porte le sceau d’Ennahdha. « Autant assumer entièrement la responsabilité de la formation de l’exécutif », grondent les représentants de Machrou Tounes. « Le gouvernement est celui d’Ennahdha, pourquoi le cacher ? » feint de s’interroger Abdelhamid Jelassi, l’un des dirigeants du parti à référent islamique.
Des interrogations légitimes au regard des résultats d’une enquête menée par Emrhod Consulting : 54 % des sondés se disent favorables à l’idée qu’Ennahdha gouverne seule. Un vœu pieux, car avec seulement 54 sièges sur 217, Rached Ghannouchi et son parti ne sont pas en mesure d’obtenir le vote de confiance d’une ARP fragmentée comme jamais.
C’est donc Habib Jemli, éphémère secrétaire d’État à l’Agriculture en 2012, inconnu de la sphère publique, qui a été chargé, en novembre, de concilier les irréconciliables. Sa désignation en a laissé plus d’un dubitatif.
Comment diable cet objet politique non identifié s’est-il retrouvé à la tête de la Kasbah ? N’avait-il pas opté, il y a quelques années, pour une retraite paisible dans sa ferme de Zaghouan ? Au sommet du pouvoir, on assure que c’est un ami, proche des dirigeants d’Ennahdha Noureddine Bhiri et Sami Triki, qui l’a convaincu de revenir aux affaires.
Chemin de croix
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