Télécoms : pourquoi Vodafone évite encore Lagos

Si le géant britannique, présent dans sept pays africains, convoite de nouveaux marchés, il préfère ne pas s’aventurer au Nigeria, dont l’écosystème est jugé trop complexe.

Vivek Badrinath, patron de Vodafone Group © Mike Ellis Photography

Vivek Badrinath, patron de Vodafone Group © Mike Ellis Photography

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Publié le 30 janvier 2020 Lecture : 3 minutes.

«Au Nigeria, la barre est haut en matière d’investissement et de complexité du marché », regrette Vivek Badrinath. L’ancien d’Orange et d’Accor s’apprête, trois ans après sa prise de fonctions, à quitter la direction « reste du monde » (Afrique, Moyen-Orient et Asie-Pacifique) du colosse britannique Vodafone pour diriger sa filiale européenne de gestion de tours de télécoms. Pendant son mandat, une occasion unique s’est offerte dans la première économie du continent : la revente de 9mobile, en 2018.

Leader en Afrique du Sud, actionnaire principal du géant kényan Safaricom (via sa filiale panafricaine Vodacom), Vodafone ne s’est pas risqué sur ce projet. « Parvenir à la première place au Nigeria est un gros challenge, et nous avons estimé que les conditions n’étaient pas encore réunies. Sauf notre respect pour Abuja, l’écosystème est complexe, et nous sommes peut-être un peu dépassés pour le moment », explique celui qui fut pourtant dans les années 2000 patron de Thomson en Inde, autre marché réputé délicat.

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Les réticences vis-à-vis du Nigeria de Vodafone, qui engrange 20 % de son chiffre d’affaires de 43,7 milliards d’euros dans huit pays africains (RDC, Égypte, Kenya, Ghana, Mozambique, Tanzanie, Afrique du Sud et Lesotho), pour 170 millions d’abonnés et 39 millions d’usagers des services financiers mobiles, ne l’empêchent nullement de planifier son expansion. Le britannique, qui devrait céder 55 % en juin de sa filiale égyptienne – leader du marché – à Saudi Telecom Company pour 2,9 milliards de dollars (environ 2,6 milliards d’euros), lorgne de nouveaux marchés.

Augmenter de 10 % la pénétration du haut débit mobile

En tête de liste : l’Éthiopie. « Nous avons examiné la question avec les équipes de Vodafone, Safaricom et Vodacom, et nous avons un intérêt évident pour le pays », confie Vivek Badrinath. « Nous pensons pouvoir apporter beaucoup à travers notre savoir-faire dans le paiement avec Safaricom, la très grande capacité de déploiement de réseaux en Afrique que Vodacom a accumulée, ainsi que la technologie et l’expérience de l’opérateur », énumère l’ingénieur de formation.

Cette stratégie reposera sur une nouvelle organisation (lire ci-dessous) dont les contours sont déjà visibles. « Dans les économies plus avancées, nous sommes à mi-chemin dans la transition de la voix vers les données, nous essayons donc d’ajouter des services supplémentaires : des divertissements ou de la musique », indique Vivek Badrinath.

« Ailleurs, nous nous développons selon deux axes : avec plus de services de données pour utilisateurs de smartphones et en développant le paiement mobile, qui a tendance à mieux fonctionner dans les pays moins bancarisés », complète-t-il. « Il s’agit d’augmenter de 10 % la pénétration du haut débit mobile en Afrique en développant la capacité à communiquer, à transférer des fonds, à accéder à l’information pour les agriculteurs, et en créant des règles du jeu équitables. On estime qu’il en découlera une augmentation de 2,5 % du PIB par habitant », prévoit Vivek Badrinath.

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Un brasseur à la tête de Safaricom

Le 24 octobre 2019, Peter Ndegwa, DG de Diageo Europe continentale, a été désigné successeur de Michael Joseph, PDG intérimaire de Safaricom depuis le décès du DG Bob Collymore, en juillet, avant son départ annoncé. La recherche du nouveau patron aura nécessité deux ans et se conclut sur un choix original. Peter Ndegwa a en effet effectué l’essentiel de sa carrière dans l’industrie des boissons alcoolisées.

Expert-comptable de formation, diplômé des universités de Strathmore et de Nairobi, ce Kényan titulaire d’un MBA de la London Business School dispose néanmoins d’une expérience dans la gestion de multinationales. Celle-ci sera cruciale pour l’opérateur, qui convoite l’Éthiopie et doit se préparer à une concurrence plus forte au Kenya avec la probable fusion entre ses challengers Airtel et Telkom.

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Peter Ndegwa travaillera sous la supervision de Shameel Joosub, DG du panafricain Vodacom depuis 2012, mais dans une structure modernisée. La division « reste du monde » de Vodafone disparaîtra le 31 mars. Shameel Joosub rejoindra alors directement le comité exécutif mondial de la maison mère britannique, dirigé par Nick Read.

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