Guinée-Bissau – Umaro Sissoco Embaló : « Alpha Condé, Macky Sall, Compaoré, Sassou Nguesso, Kadhafi et moi »

Donné vainqueur par la commission électorale mais contesté devant la Cour suprême, l’ancien Premier ministre raconte pour JA ses liens avec les puissants du continent. Et il ne mâche pas ses mots. Entretien avec un homme atypique.

Umaro Sissoco Embaló, lors de l’entretien à Paris, le 21 janvier 2020. © Vincent Fournier/JA

Umaro Sissoco Embaló, lors de l’entretien à Paris, le 21 janvier 2020. © Vincent Fournier/JA

FRANCOIS-SOUDAN_2024

Publié le 27 janvier 2020 Lecture : 13 minutes.

Sûr de lui, affable et volubile, le président élu de Guinée-Bissau enchaîne les rendez-vous dans un petit salon de l’hôtel Claridge à Paris. De passage dans la capitale française, Umaro Sissoco Embaló reçoit hommes d’affaires, communicants et familiers… mais pas (ou pas encore) d’officiels : en ce 21 janvier de grande froidure, celui que ses partisans appellent « general do povo », en référence à ses deux étoiles de général de brigade, n’est pas encore tout à fait chef de l’État, même si la confirmation par la Cour suprême du résultat de l’élection présidentielle du 29 décembre n’est, à ses yeux, qu’une simple formalité, malgré le contentieux électoral qui perdure.

Pendant une heure, cet ancien Premier ministre de 47 ans, dont l’atypisme et le « parler cash » détonnent dans le club policé des présidents du continent, a déroulé pour Jeune Afrique l’étonnant parcours de sa vie. À l’évidence, ce polyglotte aussi à l’aise en français, en espagnol et en anglais qu’en portugais, l’idiome officiel de son petit pays d’un peu moins de 2 millions d’habitants, n’a pas encore appris à manier la langue de bois.

Jeune Afrique : Vos adversaires du PAIGC, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, contestent votre élection, et la Cour suprême a de nouveau demandé une vérification des procès-verbaux. Cela vous inquiète-t-il ?

Umaro Sissoco Embaló : C’est du cinéma ! La Cour suprême n’a d’ailleurs pas demandé à recompter les voix, puisque cela n’est pas prévu par la loi électorale. J’ai parlé à Domingos Simões Pereira, candidat face à moi au second tour. Je comprends qu’il continue de contester le résultat. Il a reçu le soutien de nombreux pays, de l’Angola à la Côte d’Ivoire, en passant par la Guinée-Conakry. Il doit leur rendre des comptes.

Votre parcours est assez méconnu. On vous prête des origines éclatées entre plusieurs pays… Pourriez-vous assembler les pièces de votre puzzle familial ?

Du côté de ma mère, mon grand-père était malien, c’était un Bambara ; ma grand-mère était guinéenne, c’était une Peule de Labé, dans le Fouta-Djalon. Moi, je suis né à Bissau, où j’ai été scolarisé. Quant à mon père, c’était un caporal de l’armée bissau-guinéenne.

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