Tunisie : qui sont les populistes à l’Assemblée des représentants du peuple ?
Qu’ils siègent dans les grands ou petits partis, à gauche, à droite ou dans les rangs islamistes, les députés à la fibre populiste s’illustrent par des sorties remarquées. Florilège des sept parlementaires les plus démagogues.
Panarabe, toujours virulent, ce député est un champion des sorties à l’emporte-pièce. Avant le vote de confiance au gouvernement de Habib Jemli, il lance : « Je ne tirerai pas sur ce gouvernement. Il est mort-né, je suis venu assister à ses funérailles. » À l’Assemblée, toujours, il traite les binationaux de « bâtards » avant de s’en excuser sur Facebook.
Auparavant, en décembre 2019, critiquant la décision de la Turquie d’envoyer des soldats soutenir le gouvernement de Tripoli, il lâche : « Une fois installés en Libye, les Ottomans s’empareront de la Tunisie et la dévoreront en trois jours. »
- Abir Moussi : Parti destourien libre, 45 ans
Active dans l’ancien régime au sein du Rassemblement constitutionnel démocratique, elle est devenue la bête noire d’Ennahdha et de son leader, Rached Ghannouchi, président de l’Assemblée.
Au premier rang de l’hémicycle, elle a posé une photo de Habib Bourguiba, dont elle a fait son « crucifix » anti-islamistes. Elle a aussi tenu un sit-in, six jours et six nuits, en pleine Assemblée, couette sur les genoux, exigeant des excuses d’une élue Ennahdha, Jamila Ksiksi, qui l’avait insultée. Ses vociférations ont fait croître sa popularité.
- Yamina Zoghlami : Ennahdha, 49 ans
Députée depuis 2012, elle est régulièrement moquée pour sa faculté inégalable à s’emmêler dans les chiffres et les arguments. Elle assure que la rencontre à Istanbul, le 11 janvier, entre Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha et de l’Assemblée, et le chef de l’État turc, Recep Tayyip Erdogan, visait à féliciter ce dernier après la mise sur le marché de la première voiture made in Turkey.
Et d’ajouter : « La Turquie a fabriqué une voiture moderne, alors que nous ne fabriquons même pas une bicyclette. » Énorme fake news : non seulement la Tunisie produit et exporte des bicyclettes, mais elle fabrique aussi une voiture, la Wallys Car.
- Seifeddine Makhlouf : El Karama, 59 ans
Conservateur, l’homme s’est fait connaître comme l’avocat des extrémistes. Il entre en politique en surfant sur le thème de la souveraineté nationale et dénonce l’exploitation par « des mains étrangères » des ressources naturelles de la Tunisie.
Adepte des théories du complot, il accuse le gouvernement sortant de Youssef Chahed d’œuvrer contre les Tunisiens en provoquant « la crise de l’huile d’olive, la crise des dattes » et en inondant « l’administration par les têtes de liste de Tahya Tounes ayant échoué aux élections ». Des propos délirants pourtant pris au sérieux par ses sympathisants.
- Saïd Jaziri : Errahma, 52 ans
Conservateur, positionné à la droite d’Ennahdha, son parti s’est vu amputé de ses forces vives dans les dernières semaines. Deux élus ont préféré quitter Errahma pour la coalition El Karama, ce qui a excédé Saïd Jaziri. « Dès le premier jour, j’ai eu peur pour mes brebis, et mes brebis se sont enfuies ! », s’est lamenté l’imam sur la radio pirate qu’il dirige. Son nom ? Radio Coran.
- Lofti Mraihi : Union populaire républicaine, 60 ans
Son parti dispose de trois députés, prône un conservatisme social et a axé son message sur la nécessité de répondre à l’urgence économique. Fervent défenseur du protectionnisme, ce médecin se montre très critique à l’égard du président et s’insurge contre les propos tenus par celui-ci, le 17 décembre, à Sidi Bouzid : « Kaïs Saïed est creux et, de ce fait, il ne peut rien apporter aux Tunisiens. Il n’a pas l’expérience politique requise et son discours ne devrait pas comporter de tels propos explosifs qui peuvent créer des conflits entre les citoyens. »
- Fayçal Tebini : La voix des agriculteurs, 55 ans
Élu dans la circonscription de Béja, il entame son second mandat en confirmant son positionnement populiste de gauche. L’an dernier, critiquant l’Accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca) négocié entre la Tunisie et l’Union européenne, il jugeait que « Chahed est sur le point de commettre un acte de haute trahison du pays » et promet, s’il accède au pouvoir, que « le chef du gouvernement sera fusillé sur l’avenue Habib-Bourguiba, à Tunis, au vu de tous les Tunisiens ».
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