Maroc, Tunisie, Algérie : à quoi servent encore les syndicats ?
De Rabat à Tunis, les centrales traditionnelles sont dépassées par l’émergence de nouvelles formes de revendications. Ce qui, paradoxalement, renforce leur influence politique. Enquête.
Au début de janvier, ils ont tour à tour défilé devant la Commission spéciale sur le modèle de développement instituée par Mohammed VI. Les syndicats associés à la réflexion politique ? Ce n’est pas une nouveauté dans le royaume. Pas plus que ne l’est la faiblesse du taux de syndicalisation : 4 % en 2014, selon les derniers chiffres publiés par le Haut-Commissariat au plan (HCP).
Pourtant, à leur création, au milieu du siècle dernier, les syndicats voulaient s’imposer comme des acteurs incontournables du progrès. L’Union marocaine du travail (UMT), l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) ont vu le jour dans le contexte de la décolonisation.
Leurs fondateurs ont pris part à la lutte pour l’indépendance, puis à l’édification des premières institutions nationales. C’est forts de cet héritage et de cette légitimité que les syndicats sont entrés dans le champ politique et ont scellé des alliances durables avec des structures partisanes ou étatiques. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?
Consultés… mais pas entendus
Au Maroc, le rôle des centrales est institutionnalisé depuis la révision constitutionnelle de 2011. Désormais, deux cinquièmes des membres de la Chambre des conseillers – l’équivalent du Sénat – sont désignés par un collège professionnel. Les représentants des salariés ont donc voix au chapitre dans l’élaboration de la loi. Et ne se privent pas d’intervenir.
Le débat sur la loi de finances 2020 a été l’occasion pour les élus de la Confédération démocratique du travail (CDT) de faire voter un amendement, soutenu par l’UMT, exemptant les retraités de l’impôt sur le revenu. Las ! La disposition a été supprimée par le ministre des Finances, Mohamed Benchaâboun.
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