RDC : ce qu’il faut savoir sur Kalev Mutond, l’ex-patron de l’ANR accusé de déstabilisation

Hier puissant patron des renseignements congolais, ce pilier du système Kabila est aujourd’hui soupçonné de « tentative de déstabilisation de l’État ». Dix choses à a savoir sur le parcours de Kalev Mutond.

Kalev Mutond, ancien administrateur de l’ANR © Saad pour JA

Kalev Mutond, ancien administrateur de l’ANR © Saad pour JA

ROMAIN-GRAS_2024

Publié le 26 février 2020 Lecture : 2 minutes.

1. Rebelle

Katangais, il entame sa carrière comme simple agent de renseignement. Assis sur un banc en face de l’ambassade des États-Unis à Kinshasa, il note sur un cahier l’identité des visiteurs. Il rejoint en 1996 les rangs de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), la rébellion de Laurent-Désiré Kabila.

2. Raïs

L'ex-président congolais Joseph Kabila s’est toujours senti plus à son aise dans cette arche de Noé privée que dans l’anarchique Kinshasa. © Colin Delfosse pour JA

L'ex-président congolais Joseph Kabila s’est toujours senti plus à son aise dans cette arche de Noé privée que dans l’anarchique Kinshasa. © Colin Delfosse pour JA

Il est resté dans le premier cercle de Joseph Kabila

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C’est dans les rangs de la rébellion que Kalev Mutond rencontre Joseph Kabila.

Devenu un intime de ce dernier (certains membres du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie – PPRD – lui prêtent même un rôle de pionnier dans la création du parti du raïs), il est resté dans le premier cercle de l’ancien président, auquel il réaffirme souvent sa loyauté.

3. Recordman

Kalev Mutond, ex-patron de l’Agence nationale de renseignements. © john bompengo

Kalev Mutond, ex-patron de l’Agence nationale de renseignements. © john bompengo

Il est resté huit ans à la tête de l’ANR, un record

Directeur de la sécurité intérieure de l’Agence nationale des renseignements (ANR) dès 2007, il en devient administrateur général en octobre 2011.

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Il restera près de huit ans à ce poste – soit plus longtemps que ses sept prédécesseurs. Il a été remplacé en 2019 par son adjoint, Inzun Kakiak.

4. Craint

« Lucha, chronique d’une révolution sans armes au Congo » de Justine Brabant et Annick Kamgang (Amnesty International / La Boîte à Bulles, 2018). © Jeune Afrique / Amnesty International / La Boîte à Bulles

« Lucha, chronique d’une révolution sans armes au Congo » de Justine Brabant et Annick Kamgang (Amnesty International / La Boîte à Bulles, 2018). © Jeune Afrique / Amnesty International / La Boîte à Bulles

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« Jovial » et « travailleur » pour les uns, « brutal » et « répressif » pour les autres, Kalev Mutond a longtemps été l’un des hommes les plus redoutés du pays, notamment par les mouvements de la société civile comme Filimbi ou La Lucha, qu’il qualifiait volontiers de « terroristes ».

5. L’ami de Paris ?

Au début de 2017, alors que les États-Unis ont déjà adopté une série de sanctions dont il est l’une des cibles, l’Union européenne hésite à les suivre.

Certains diplomates accusent alors la France de vouloir préserver un inter­locuteur clé dans la perspective des élections, ce que Paris a toujours nié.

6. Sanctions

Kalev Mutond, ancien directeur de l'ANR © DR

Kalev Mutond, ancien directeur de l'ANR © DR

C’est finalement en mai 2017 que Bruxelles décide de le placer sous sanctions.

Au total, quinze personnalités proches de Kabila – des politiques et une majorité de généraux – sont épinglées. Motif avancé : entrave au processus électoral et violations des droits humains.

7. Émissaire

Le président rwandais Paul Kagame et son homologue congolais Felix Tshisekedi arrivent à l'Africa CEO Forum, à Kigali le 26 mars, accompagnés du togolais Faure Gnassingbé et de l'éthiopienne Sahle-Work Zewde. © DR / présidence Rwanda

Le président rwandais Paul Kagame et son homologue congolais Felix Tshisekedi arrivent à l'Africa CEO Forum, à Kigali le 26 mars, accompagnés du togolais Faure Gnassingbé et de l'éthiopienne Sahle-Work Zewde. © DR / présidence Rwanda

Le 18 janvier 2019, alors que l’Union africaine conteste la victoire de Félix Tshisekedi, il se rend à Kigali pour déminer le terrain auprès de Paul Kagame, président en exercice de l’organisation. Le chef de l’État rwandais doit diriger une mission de l’UA à Kinshasa trois jours plus tard. Après la visite de « Kalev », ce déplacement est annulé, et les élections validées.

8. Ambitieux

De nombreuses rumeurs lui prêtaient, au début de 2019, l’intention de briguer le poste de gouverneur du Lualaba, riche province issue du démantèlement du Grand Katanga en 2015.

L’intéressé finira par démentir.

9. Primature

Sylvestre Ilunga Ilunkamba, avec le président Félix Tshisekedi, le 20 mai 2019. © Présidence RDC

Sylvestre Ilunga Ilunkamba, avec le président Félix Tshisekedi, le 20 mai 2019. © Présidence RDC

Depuis le départ de Kabila et la nomination de Sylvestre Ilunga Ilunkamba au poste de Premier ministre, il œuvre en tant que conseiller politique de ce dernier.

C’est en cette qualité qu’il s’est rendu en Ouganda avant d’être interpellé à la mi-février. Aucune ordonnance ne lui donne officiellement ce titre.

10. Accusé

Aujourd’hui soupçonné d’entretenir des liens avec d’anciens rebelles du M23 et de vouloir déstabiliser les institutions, Kalev Mutond fait l’objet d’une interdiction de sortie du territoire. Son passeport diplomatique lui a été retiré.

Lui conteste ces accusations et bénéficie du soutien du Front commun pour le Congo (FCC), la coalition de Kabila.

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