RDC : ce qu’il faut savoir sur Kalev Mutond, l’ex-patron de l’ANR accusé de déstabilisation
Hier puissant patron des renseignements congolais, ce pilier du système Kabila est aujourd’hui soupçonné de « tentative de déstabilisation de l’État ». Dix choses à a savoir sur le parcours de Kalev Mutond.
1. Rebelle
Katangais, il entame sa carrière comme simple agent de renseignement. Assis sur un banc en face de l’ambassade des États-Unis à Kinshasa, il note sur un cahier l’identité des visiteurs. Il rejoint en 1996 les rangs de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), la rébellion de Laurent-Désiré Kabila.
2. Raïs
Il est resté dans le premier cercle de Joseph Kabila
C’est dans les rangs de la rébellion que Kalev Mutond rencontre Joseph Kabila.
Devenu un intime de ce dernier (certains membres du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie – PPRD – lui prêtent même un rôle de pionnier dans la création du parti du raïs), il est resté dans le premier cercle de l’ancien président, auquel il réaffirme souvent sa loyauté.
3. Recordman
Il est resté huit ans à la tête de l’ANR, un record
Directeur de la sécurité intérieure de l’Agence nationale des renseignements (ANR) dès 2007, il en devient administrateur général en octobre 2011.
Il restera près de huit ans à ce poste – soit plus longtemps que ses sept prédécesseurs. Il a été remplacé en 2019 par son adjoint, Inzun Kakiak.
4. Craint
« Jovial » et « travailleur » pour les uns, « brutal » et « répressif » pour les autres, Kalev Mutond a longtemps été l’un des hommes les plus redoutés du pays, notamment par les mouvements de la société civile comme Filimbi ou La Lucha, qu’il qualifiait volontiers de « terroristes ».
5. L’ami de Paris ?
Au début de 2017, alors que les États-Unis ont déjà adopté une série de sanctions dont il est l’une des cibles, l’Union européenne hésite à les suivre.
Certains diplomates accusent alors la France de vouloir préserver un interlocuteur clé dans la perspective des élections, ce que Paris a toujours nié.
6. Sanctions
C’est finalement en mai 2017 que Bruxelles décide de le placer sous sanctions.
Au total, quinze personnalités proches de Kabila – des politiques et une majorité de généraux – sont épinglées. Motif avancé : entrave au processus électoral et violations des droits humains.
7. Émissaire
Le 18 janvier 2019, alors que l’Union africaine conteste la victoire de Félix Tshisekedi, il se rend à Kigali pour déminer le terrain auprès de Paul Kagame, président en exercice de l’organisation. Le chef de l’État rwandais doit diriger une mission de l’UA à Kinshasa trois jours plus tard. Après la visite de « Kalev », ce déplacement est annulé, et les élections validées.
8. Ambitieux
De nombreuses rumeurs lui prêtaient, au début de 2019, l’intention de briguer le poste de gouverneur du Lualaba, riche province issue du démantèlement du Grand Katanga en 2015.
L’intéressé finira par démentir.
9. Primature
Depuis le départ de Kabila et la nomination de Sylvestre Ilunga Ilunkamba au poste de Premier ministre, il œuvre en tant que conseiller politique de ce dernier.
C’est en cette qualité qu’il s’est rendu en Ouganda avant d’être interpellé à la mi-février. Aucune ordonnance ne lui donne officiellement ce titre.
10. Accusé
Aujourd’hui soupçonné d’entretenir des liens avec d’anciens rebelles du M23 et de vouloir déstabiliser les institutions, Kalev Mutond fait l’objet d’une interdiction de sortie du territoire. Son passeport diplomatique lui a été retiré.
Lui conteste ces accusations et bénéficie du soutien du Front commun pour le Congo (FCC), la coalition de Kabila.
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