Le fabuleux destin de Maya Zouggar, la directrice d’Emirates Algérie

Depuis qu’elle a pris la direction d’Emirates Algérie en 2015, Maya Zouggar a procédé à un véritable de tour de force, faisant doubler le nombre de passagers et croître le chiffre d’affaires de la compagnie de 70 %. Portrait.

Maya Zouggar, la directrice d’Emirates Algérie. © Omar Sefouane pour JA

Maya Zouggar, la directrice d’Emirates Algérie. © Omar Sefouane pour JA

Publié le 6 mars 2020 Lecture : 3 minutes.

La femme qui a fait croître de 70 % le chiffre d’affaires d’Emirates en Algérie est d’une discrétion qui confinerait presque à la timidité. Malgré l’importance du poste qu’elle occupe, malgré ses résultats et un parcours détonnant, Maya Zouggar, 40 ans, se fait rare dans la presse. « Je ne cours pas après la notoriété et la réussite matérielle? mais derrière la satisfaction personnelle d’avoir bien fait mon travail, explique-t-elle. D’avoir relevé des défis, d’être intellectuellement capable d’apprendre à tout faire, et surtout de le faire avec intégrité et honnêteté. »

Et de reprendre : « Ma motivation, le matin, c’est mon équipe. Mon but ? Transmettre ce que j’ai appris pour que nous puissions résoudre ensemble les problèmes. » Elle parlerait presque comme une enseignante, Maya Zouggar. Le métier dont elle rêvait, enfant. « J’ai grandi dans une école d’horticulture, confie-t-elle. C’était la nature, la mer… et l’ambition de devenir institutrice à Ain Taya », station balnéaire à l’est d’Alger, où elle coule des jours heureux aux côtés de ses quatre sœurs. Jusqu’à ce que le pays sombre dans la violence… La décennie noire.

Je voulais étudier l’informatique, mais j’ai opté pour le marketing. Ce n’était pas ce que j’avais en tête initialement, mais j’ai adoré !

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La famille quitte l’Algérie en 1994 pour s’installer en France, en région parisienne. C’est là que la jeune femme obtient son baccalauréat – scientifique – et développe une passion pour les chiffres. Cinq ans plus tard, à Marseille, elle entame une licence en mathématiques appliquées. Puis vient l’informatique.

Au début des années 2000, tandis que la situation s’améliore dans son pays natal, Maya Zouggar intègre l’École de formation technique et de gestion d’Alger. « Je voulais étudier l’informatique, mais j’ai opté pour le marketing. Ce n’était pas ce que j’avais en tête initialement, mais j’ai adoré ! » sourit-elle. L’étudiante est major de sa promotion.

Surdouée

Toujours s’adapter, faire des imprévus une force : une marque de fabrique, au fil du temps. Diplôme en main, Maya Zouggar retourne à Paris et décroche son premier emploi, comme assistante commerciale dans une société de distribution de batteries. Sa conscience écologique la pousse à changer de cap deux ans plus tard : « J’avais envie d’être dans une industrie “gentille”. De vendre des choses que j’aimais. »

Le hasard de la vie la met sur la voie de l’aérien : l’idée lui traverse l’esprit dans l’avion vers Alger « pour des vacances ». Le soir même, une cousine l’informe que Qatar Airways recrute. À 26 ans, elle intègre donc la compagnie comme attachée commerciale. Coup de foudre immédiat. « Au bout de trois mois, j’ai eu accès aux chiffres, et c’était le paradis », se souvient Maya Zouggar.

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Promue directrice commerciale en 2008, elle devient l’année suivante country manager, « responsable pays ». Elle a 30 ans à peine. Elle parcourt le monde. Six mois à Doha, un passage au Cambodge… En 2013, la surdouée s’accorde une année sabbatique.

Un appareil de la compagnie Emirates, à l'aéroport international de Dubaï. © Adam Scheck/AP/SIPA

Un appareil de la compagnie Emirates, à l'aéroport international de Dubaï. © Adam Scheck/AP/SIPA

Après avoir travaillé si dur, si longtemps, il est temps pour elle de se rapprocher de ses sœurs. Pas question pour autant de se tourner les pouces : Zouggar profite de son break pour reprendre ses études – à l’École des sciences et techniques commerciales de Marseille – et décrocher un master en développement commercial. La passion de l’aérien la « nourri[t] » toujours. Et Alger est à peine à 750 km au sud de Marseille…

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En avril 2015, Maya Zouggar passe sous pavillon émirati. En moins de cinq ans, elle convainc la direction de porter de cinq à sept ses dessertes hebdomadaires au départ d’Alger. En passant de l’Airbus A340-200 au Boeing 777, la compagnie propose désormais cent sièges supplémentaires par vol. Résultats au rendez-vous : le nombre de passagers a doublé et le chiffre d’affaires a augmenté de 70 %.

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