En Algérie, les divergences entre Belkacem Zeghmati et Issad Mabrouk pourraient mettre en péril l’appareil judiciaire
Le duel entre Belkacem Zeghmati et Issad Mabrouk, les deux hommes forts de l’appareil judiciaire, risque de déstabiliser le ministère de la Justice, particulièrement sensible dans une conjoncture politique confuse.
Une simple note de travail aura suffi à remettre le feu aux poudres. Dans un mémo, adressé le 5 février aux procureurs généraux et aux présidents de cours, Abdelkader Hamdane, l’inspecteur général du ministère de la Justice, invite les juges à reporter le prononcé des verdicts « sans fondement légal ». Une manière, pour le ministère que dirige Belkacem Zeghmati, de « combattre la corruption » et de « rétablir la crédibilité de la justice ».
Issad Mabrouk, président depuis avril 2019 du Syndicat national des magistrats (SNM), ne l’entend pas de cette oreille. Pour celui qui préside aussi la cour pénale de Béjaïa, cette directive constitue une « grave violation de la Constitution et une transgression du principe de séparation des pouvoirs ». Remonté, il a demandé le retrait de cette décision, et l’a obtenu dès le lendemain. Malgré ce rétropédalage, le duel que les deux hommes forts de l’appareil judiciaire algérien ont entamé depuis leur prise de fonctions semble loin d’être clos.
« Procureur arrogant »
Belkacem Zeghmati, 62 ans, s’est taillé une réputation d’intransigeance à l’occasion de l’enquête sur le scandale Sonatrach II. C’est en effet lui qui, en 2013, a été à l’origine de l’émission d’un mandat d’arrêt international contre Chakib Khelil, l’ex-tout puissant ministre de l’Énergie (1999-2010) et ami proche de la famille Bouteflika. De retour sur le devant de la scène après la chute du clan Bouteflika, Zeghmati a pris les rênes de la chancellerie le 1er août 2019.
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