[Édito] Coronavirus : pas de panique !

Les médecins et autres spécialistes des maladies infectieuses sont unanimes à noter que le coronavirus fait plus de peur que de mal. L’épidémie se transmet vite, contamine beaucoup, mais tue peu.

Des individus portent un masque à Beijing, en Chine, le 2 mars 2020. © Koki Kataoka/AP/SIPA

Des individus portent un masque à Beijing, en Chine, le 2 mars 2020. © Koki Kataoka/AP/SIPA

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Publié le 3 mars 2020 Lecture : 4 minutes.

Le coronavirus sème la terreur aux quatre coins du monde. Son symbole est un Chinois – ou une Chinoise – portant un masque qui lui couvre la bouche et le nez. On a peur de ce virus ; on le voit partout et l’on s’interroge : comment s’en protéger ?

Il s’est attaqué aux êtres humains pour la première fois en décembre dernier dans la ville chinoise de Wuhan (11 millions d’habitants). Cette « grippe chinoise » s’est muée en moins de deux mois en épidémie et menace aujourd’hui de se transformer en pandémie : n’a-t-elle pas déjà fait des victimes en Corée du Sud, en Iran, en Italie ? Ne signale-t-on pas déjà des cas dans soixante autres pays ? Le mal n’a-t-il pas infecté quelque 700 personnes sur le bateau de croisière Diamond Princess, qui transportait 3 700 passagers ?

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Sang-froid

On sait que ce virus se transmet très facilement d’un être humain à un autre et que la principale précaution pour s’en protéger comme pour ne pas contaminer les autres est de se laver souvent les mains et de porter un masque sur la bouche et le nez. On sait également que sa période d’incubation est de quinze jours ; on sait enfin que si l’infection se propage aisément, son taux de létalité n’est que de 2 % à 3 % : le coronavirus se transmet vite, contamine beaucoup, mais tue peu.

Surinformée, inquiète, l’opinion craint que ses dirigeants ne sous-estiment le danger ou ne cachent sa gravité. Surenchère médiatique aidant, elle les pousse à surréagir, et, ici ou là, on frôle la panique. Quelles sont les précautions utiles ? Lesquelles sont superflues ? Faut-il fermer les frontières, les écoles et les stades ? Doit-on interdire les voyages, les congrès, les carnavals, les réunions ? Quelles manifestations culturelles et sportives autoriser ? Quid des pèlerinages ?

Fort heureusement, jusqu’ici, les dirigeants des principaux pays ont su garder leur sang-froid. Qu’ils soient chinois et communistes, iraniens et islamistes, italiens et démocrates, ils ont écouté leurs spécialistes et n’ont décrété que les mesures qui s’imposent. Aucune frontière n’a été totalement fermée, aucun voyage n’a été interdit. Mais que recommandent les médecins et autres spécialistes des maladies infectieuses ?

Plus de peur que de mal

Ils sont unanimes à noter que le coronavirus fait plus de peur que de mal et à préconiser l’observance stricte du principe de précaution, mais aussi beaucoup de retenue. L’épidémie s’est déclarée en Chine il y a plus de deux mois, n’a pas été prise en main assez vite et s’est propagée à d’autres pays, mais commence à reculer dans son foyer d’origine.

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Dans l’ensemble, elle est sous contrôle, et, selon les témoignages les plus fiables, Pékin la combat avec fermeté. « Nous avons visité des hôpitaux, des gares, des aéroports. Nous avons vu des gens épuisés mais une énorme mobilisation collective. En Chine, 80 % des cas sont bénins, 14 % sont sévères et 6 % critiques », nous dit l’un de ces témoins, qui ajoute : « L’épidémie a atteint en Chine un plateau et décroît plus vite qu’on ne l’aurait pensé. »

Le directeur de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'exprime sur le coronavirus, le 12 février 2020. © Salvatore Di Nolfi/AP/SIPA

Le directeur de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'exprime sur le coronavirus, le 12 février 2020. © Salvatore Di Nolfi/AP/SIPA

Si vous êtes non fumeur, en bonne santé, que vous êtes assez jeune, que vous vivez dans une région non polluée, vous n’avez rien à craindre

À la fin de février, le bilan à l’échelle mondiale s’élève à moins de 100 000 personnes contaminées et à quelque 3 000 morts. On ne compte aucun enfant parmi les victimes, ni aucune personne de moins de 25 ans. Le coronavirus tue principalement par pneumonie, c’est-à-dire une inflammation des poumons. Les jeunes dont les poumons sont sains et qui sont en bonne santé n’ont donc en principe rien à craindre de cette forme de grippe.

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Elle ne constitue donc une véritable menace que pour les personnes âgées et les gros fumeurs, dont « le terrain sanitaire » et les poumons sont détériorés à cause de la cigarette ou de la pollution. Un journaliste scientifique qui fait autorité, Xavier Bazin, confirme : « Si vous êtes non fumeur, en bonne santé, que vous êtes jeune ou assez jeune, que vous vivez dans une région non polluée, vous n’avez rien à craindre. »

Ne pas paniquer

Étudiant le cas du Diamond Princess, où le coronavirus s’est déclaré alors que le bateau de croisière voguait au large du Japon, Xavier Bazin note ceci : « Il y a eu beaucoup d’infections sur ce bateau, mais la mortalité est faible : 3 personnes de plus de 80 ans sont mortes, dont au moins 2 avaient d’autres pathologies : un taux de mortalité bas, comparable à celui de la grippe saisonnière.

« 3 morts sur près de 700, c’est un taux de mortalité plutôt rassurant d’autant que ce bateau de croisière comptait 1 000 personnes de plus de 70 ans, 200 de plus de 80 ans… et 10 de plus de 90 ans ! » « Depuis le début de cette année, la grippe saisonnière a fait 10 000 morts dans les seuls États-Unis. Le coronavirus fait donc plus de peur que de mal, plus de bruit que de morts », conclut Xavier Bazin.

En cette fin de février, nous sommes au milieu d’une épidémie et au début d’une pandémie. C’est un moment charnière lourd de menaces, car le mal se transmet facilement d’une personne à une autre, se propage de pays à pays, de continent à continent, ignorant les frontières et traversant les océans. Les jours qui viennent ne nous apporteront donc que des nouvelles alarmantes.

Nos pays ne sont pas tous bien armés pour se protéger, mais, dans l’ensemble, le monde l’est. Il doit améliorer son dispositif de lutte et peut compter à cette fin sur une agence des Nations unies, l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La meilleure manière de nous défendre contre cette grippe est de ne pas paniquer, de garder notre sang-froid.

Et, dans deux mois, l’on parlera du coronavirus comme on parle aujourd’hui du sras, qui s’était déclaré, lui aussi, en Chine en 2002 et avait causé 774 décès. Il se trouvera certainement des chercheurs pour enquêter sur l’origine du coronavirus – on dit qu’il y en a près de 400 variantes – et pour établir comment il a pu passer d’une chauve-souris à un être humain dans une ville chinoise du nom de Wuhan.

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