Où en est l’interopérabilité du paiement mobile ?

L’unification et la simplification des systèmes de paiement mobile ne concernent plus seulement les opérateurs de télécoms, mais aussi les banques et les commerçants du continent.

Point de recharge MTN Mobile Money (image d’illustration). © Olivier pour Jeune Afrique

Point de recharge MTN Mobile Money (image d’illustration). © Olivier pour Jeune Afrique

Publié le 13 mars 2020 Lecture : 3 minutes.

Lors du Mobile World Congress, le 28 février 2018 à Barcelone, en Espagne. © Emilio Morenatti/AP/SIPA
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La GSMA, l’association des opérateurs de téléphonie mobile, le répète dans ses rapports : en Afrique, où se trouvent près de la moitié des comptes d’argent mobile actifs dans le monde, la croissance du secteur sera largement entraînée par la possibilité de faire des transactions entre des abonnés d’opérateurs différents.

La suppression des commissions et la simplification des services de paiement doivent contribuer à améliorer l’inclusion financière sur le continent, alors que le taux de bancarisation y reste faible, autour de 18,5 % dans l’Uemoa. « L’interopérabilité réduit aussi l’utilisation des espèces, et donc les risques de perte, vol, ou corruption liés au transport et au stockage de l’argent. Elle contribue également à formaliser le commerce », fait valoir Jean-Michel Huet, du cabinet BearingPoint.

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Des freins à l’expansion

Démarrée voici plus de cinq ans, l’interopérabilité progresse lentement mais sûrement. En Tanzanie, le pays africain pionnier de la question depuis 2014, les trois principaux opérateurs, Vodacom, Airtel et Tigo, indiquaient que, deux ans plus tard, 6 % à 8 % des transferts d’argent de personne à personne (P2P) étaient croisés entre eux.

Madagascar a emboîté le pas à la Tanzanie en 2016, suivi de l’Ouganda (2017), du Ghana (2018) et du Kenya (2018). Dans ce dernier pays, Safaricom (M-Pesa), dominant avec près de 80 % de part de marché, a dû partager sa base d’utilisateurs et de partenaires sous la pression de ses challengers.

Kiosque Orange Money dans le quartier des Almadies à Dakar. © © Sylvain Cherkaoui pour JA, 2018.

Kiosque Orange Money dans le quartier des Almadies à Dakar. © © Sylvain Cherkaoui pour JA, 2018.

Deux freins entravent toutefois l’expansion de l’interopérabilité : la possession de plusieurs cartes SIM – en moyenne de deux à trois par usager dans la plupart des pays subsahariens –, mais aussi la frilosité dont font preuve les groupes de télécoms à communiquer sur le sujet. En effet, ils préfèrent axer leurs campagnes de publicité sur leurs services exclusifs.

Dépasser l’étape du simple paiemet P2P

Les opérateurs, pour qui le mobile money n’est plus vraiment un argument de fidélisation des clients, doivent maintenant dépasser l’étape du simple paiement P2P en accélérant l’interopérabilité de leur système avec celui des banques, des agences de transfert de fonds et des marchands.

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Grâce à des accords bilatéraux, la plupart des réseaux mobiles permettent des transferts d’argent depuis ou vers des comptes bancaires classiques. Mais les régulateurs veulent plus de simplicité.

C’est pourquoi la banque centrale tanzanienne met en place une ­plateforme centralisée, en lieu et place des systèmes issus d’accords bilatéraux, qui doit permettre en juin prochain une interopérabilité totale. En Tunisie, c’est aussi dans cette direction que le ministère des Finances, la Banque centrale et la société Monétique-Tunisie travaillent depuis 2018.

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Plus étonnant, le Maroc, où Inwi et Orange n’ont déployé leurs offres de mobile banking qu’en 2019 et où la bancarisation est l’une des plus fortes du continent (78 % en juin 2019), déploie aussi son projet, M-wallet.

Bank Al-Maghrib (la banque centrale) et l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) ont créé avec le marocain HPS une plateforme unique à laquelle tous les émetteurs de monnaie électronique devraient bientôt se ­connecter. Ce service, qui devait initialement démarrer en 2019, devrait être opérationnel cette année.

Connecter tous les fournisseurs au sein d’un réseau unique

Encore plus ambitieux, à travers Mowali, leur coentreprise créée en novembre 2018, les deux leaders continentaux Orange et MTN veulent connecter les fournisseurs de services financiers de toute l’Afrique au sein d’un réseau unique. Les transactions transfrontalières deviendraient, elles, aussi automatiques et ne seraient plus dépendantes d’accords bilatéraux.

La solution aurait pu convenir à la BCEAO, qui crée actuellement, via le Groupement interbancaire monétique (GIM), une plateforme unique d’interopérabilité intra-Uemoa. Mais son offre, déposée en décembre 2019, n’a pas été présélectionnée. « Mowali se focalise donc, à court terme, sur les transferts internationaux [conversion de devises] d’opérateur à opérateur », indique Orange.

  • 395.7 millions

C’est le nombre de comptes d’argent mobile que comptait le continent fin 2018, soit près de la moitié du total mondial selon GSMA

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