L’impossible mission de Ghassan Salamé en Libye
Le médiateur de l’ONU pour la Libye a fini par renoncer à sa charge. Pour raisons médicales, officiellement. Mais le manque de bonne volonté des médiateurs pourrait avoir eu raison de sa patience.
Il n’en pouvait plus. Après plus de deux ans de tentative de médiation entre les Libyens, Ghassan Salamé laisse son poste d’émissaire spécial de l’ONU à qui le voudra. Raison invoquée par l’intéressé sur Twitter le 2 mars : un état de santé qui « ne [lui] permet plus de subir autant de stress ».
Nouvelle guerre civile, incessantes ingérences extérieures, rivalités entre les médiateurs internationaux, risque aggravé de partition du pays… La mission du Libanais, débutée en juillet 2017, a tourné au cauchemar. Difficile pourtant de lui en faire porter l’entière responsabilité.
Échec personnel
Moins d’un an avant qu’il n’annonce son départ, Ghassan Salamé semblait pourtant avoir vu le ciel libyen se dégager. Fayez el-Sarraj et Khalifa Haftar paraissaient avoir trouvé un compromis politique à Abou Dhabi en février 2019, et les Libyens se dirigeaient vers une inespérée conférence de réconciliation, prévue mi-avril à Ghadamès, au terme d’une période de consultations à travers le pays.
Certes, le maréchal avançait ses troupes dans le Fezzan, mais ces mouvements ne laissaient pas forcément augurer une attaque imminente de la capitale. Il la lance pourtant le 4 avril et Ghassan Salamé regarde, impuissant, la situation dégénérer en guerre civile ouverte. « Il a vécu comme un échec personnel l’offensive de Haftar sur Tripoli, alors que son patron, António Guterres, se trouvait sur le territoire libyen », raconte un familier du dossier.
La guerre ne se poursuit pas à cause de Haftar ou de Sarraj, mais en raison des influences étrangères
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