Acha Leke (McKinsey) : « Les entreprises citoyennes sont celles qui réussissent le mieux »

Potentialités du marché africain, conjoncture internationale, objectifs du cabinet… Acha Leke, directeur Afrique de McKinsey, porte un regard confiant sur l’avenir. Entretien.

À Paris, le 6 mars. © Francois Grivelet pour JA

À Paris, le 6 mars. © Francois Grivelet pour JA

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Publié le 18 mars 2020 Lecture : 8 minutes.

À 47 ans, Acha Leke préside depuis Johannesburg les activités africaines du géant mondial du conseil. Formé aux États-Unis, le consultant camerounais ponctue ses phrases d’un « you know » californien, relique de son passage à l’université de Stanford, où il a décroché un doctorat en ingénierie de l’électricité.

Recruté en 1999 par McKinsey, ce promoteur acharné du potentiel des économies africaines est familier des tycoons comme des gouvernants, et a contribué à changer le regard des investisseurs internationaux sur le continent.

Le quadragénaire a aussi vu l’industrie du conseil remise en cause pour ses coûts ou l’efficacité de sa contribution par Christine Lagarde, alors patronne du FMI. McKinsey a été très critiqué pour ses activités en Afrique du Sud, pour avoir eu recours à des partenaires liés aux frères Gupta, ou en Angola, pour ses conseils à des entreprises de la galaxie d’Isabel dos Santos. De passage à Paris, il a accepté de répondre aux questions de JA.

Jeune Afrique : Vous cosignez L’Envol des entreprises en Afrique, qui vient de paraître aux éditions Pearson. Quelle est la raison d’être de ce livre ?

Acha Leke : Cet ouvrage est assez différent des rapports que nous avons écrits depuis 2010, qui visaient à convaincre les lecteurs des opportunités et du potentiel de l’Afrique. Aujourd’hui, il s’agit d’expliquer comment transformer ces opportunités en entreprises profitables.

Et quelle est donc la recette à suivre ?

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Le message principal, c’est d’être une entreprise citoyenne. Les groupes qui ont le mieux réussi en Afrique sont ceux qui se sont dit : « Oui, il faut un retour sur investissement mais, aussi, nous sommes là pour contribuer à la transformation du continent, qu’il s’agisse de créer des services financiers, d’apporter de l’électricité à ceux qui n’en ont pas, de réaliser des produits de bonne qualité à un bon prix pour plus de gens… »

Il n’y a pas de contradiction entre la recherche d’un retour sur investissement et la volonté de transformer le continent

Tous les grands groupes africains ont-ils vraiment, d’abord, cherché à remplir une mission « citoyenne », plutôt qu’à faire du business ?

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Il n’y a pas de contradiction entre la recherche d’un retour sur investissement et la volonté de transformer le continent. La plupart de ce qui est écrit sur l’Afrique est négatif. Nous voulons montrer ce qui fonctionne, en reconnaissant les challenges, en se concentrant sur les opportunités.

Pour cet ouvrage, nous avons étudié en détail plus de vingt groupes, interviewé quarante chefs d’entreprise ou d’institutions économiques et sondé plus de mille personnes à travers le monde sur les expériences en Afrique. Résultat : les entreprises qui ont réussi en Afrique sont celles qui ont su se différencier dans leur posture et qui ont transformé ces challenges en opportunités. Cette idée revient chez Aliko Dangote, James Mwangi ou encore Strive Masiyiwa.

Le thème de la classe moyenne africaine a suscité bien des analyses, notamment dans vos rapports « Lions on the Move ». Pourtant, nombre d’entreprises africaines continuent de cibler « le bas de la pyramide »…

Bien s’informer, mieux décider

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