Côte d’Ivoire : les promesses tenues d’Alassane Ouattara
Après son annonce de ne pas briguer un troisième mandat pour les présidentielles d’octobre, le président de la Côte d’Ivoire a dressé le bilan de ses neuf années au pouvoir.
C’est un beau bilan dont peut se targuer Alassane Ouattara. Durant son discours prononcé à Yamoussoukro le 5 mars, le président ivoirien a égrené ses engagements tenus.
« J’avais promis… », a-t-il répété avant de lister ses réalisations : 80 % de la population a accès à l’eau potable, contre 55 % en 2011 ; le taux d’accès à l’électricité, qui était de 33 % en 2011, s’établira à 80 % cette année ; le taux d’accès aux services de santé est passé de 44 % en 2012 à 69 % en 2019.
Il avait affirmé qu’il réhabiliterait 30 000 km de routes : en fait, 40 000 km l’ont été en huit ans tandis que 22 ponts et 115 km d’autoroutes ont été construits et que 545 km de routes interurbaines ont été bitumées.
Une école gratuite et obligatoire
Il avait promis l’école gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 15 ans : elle l’est désormais de 6 à 16 ans. Il avait promis une Couverture maladie universelle (CMU) : depuis le 1er octobre 2019, 3 millions de personnes y ont été assujetties. Le salaire minimum a quant à lui pratiquement doublé.
La dette, bien qu’en croissance, n’est pas alarmante
Sur le plan macroéconomique, le palmarès n’est pas moins fourni. Le taux de croissance, qui devrait tourner autour de 6 % à 7 % dans les prochaines années, selon le FMI, place la Côte d’Ivoire dans le peloton des pays les plus dynamiques d’Afrique et même du monde, avec l’Éthiopie et le Rwanda. L’inflation est largement sous les 3 % requis par l’Uemoa. La dette, bien qu’en croissance, n’est pas alarmante.
Dans son classement des pays africains où il fait bon investir, la sud-africaine Rand Merchant Bank classe le pays 7e sur 54. L’agence de notation Moody’s juge que la Côte d’Ivoire fait partie, avec le Rwanda et le Cameroun, des trois pays africains qui résisteraient le mieux à une crise. Ce tableau flatteur est dû, bien sûr, au retour de la stabilité politique, mais aussi à une bonne gouvernance saluée aussi bien par la Fondation Mo Ibrahim que par le FMI.
Grogne sociale
Seule ombre au tableau, l’investissement public massif dans les infrastructures n’a pas été complété par une politique aussi vigoureuse dans le domaine du développement humain.
La pauvreté n’a donc reculé que lentement. Ce qui explique que la forte croissance se soit paradoxalement accompagnée d’une importante grogne sociale. Comme on le dit souvent à Abidjan, « le goudron – ou le barrage – ne se mange pas ».
Il a fallu attendre 2019 et le Programme social du gouvernement (PSGouv) pour que soient mieux prises en compte les urgences, par exemple dans le domaine de l’éducation (10 300 enseignants recrutés à la rentrée 2019) ou en faveur des plus défavorisés (30 000 F CFA, soit 45 euros, ont été versés chaque trimestre à 50 000 ménages nécessiteux).
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