Coronavirus : Ousmane Faye, le virologue sénégalais en première ligne contre l’épidémie
À la tête du département de virologie de l’Institut Pasteur de Dakar, en première ligne contre le début d’épidémie de coronavirus, le Dr Ousmane Faye conseille quotidiennement les pouvoirs publics sénégalais.
1. Point quotidien
À la tête d’une équipe de 54 personnes, ce biologiste virologue annonce chaque jour au gouvernement sénégalais, un peu avant 17 heures, le résultat des analyses quotidiennes. Le ministère de la Santé peut ainsi rendre public le nombre de nouveaux cas, de cas suspects ou de patients guéris.
2. Premier sur la recherche
En plus de l’analyse des prélèvements qui leur sont envoyés, les équipes du Dr Faye portent une attention particulière à l’étude du virus. Depuis 2003 déjà et l’épidémie de sras en Chine, ils ont étudié d’autres formes de coronavirus. Ils planchent aujourd’hui sur le séquençage du Covid-19.
3. Quatre piliers
Travail en laboratoire, surveillance, communication et instauration d’un protocole de crise : voici les quatre piliers nécessaires à la bonne gestion d’une épidémie, selon lui. Le docteur estime qu’il faut « parfois s’affranchir du tout médical ».
4. Expert en épidémie
Le Sénégalais n’en est pas à la gestion de sa première crise. Entre 2014 et 2018, il a été responsable de plusieurs laboratoires, entre la Guinée et la RDC, dans le cadre de la lutte contre Ebola. En 2016, il dirigeait également le laboratoire de l’Institut Pasteur de Dakar envoyé en Angola pour participer à la lutte contre la fièvre jaune.
5. Conseiller
Tous les matins, il part jouer les conseillers auprès du ministre de la Santé. De son expérience dans la gestion d’Ebola, il a conservé une notion importante : le protocole de test, qui exige notamment d’obtenir deux analyses négatives avant qu’un patient soit considéré comme guéri.
6. Formateur
Après avoir formé des laboratoires rwandais, ougandais et zambiens aux techniques de diagnostic de la fièvre jaune en 2013, il a supervisé début février la formation de quatorze laboratoires africains au diagnostic du coronavirus. Au début de la crise, seuls deux établissements subsahariens étaient en mesure de mener des tests : l’Institut Pasteur de Dakar et l’Institut national des maladies transmissibles, en Afrique du Sud.
Ousmane Faye et son équipe de chercheurs ont enseigné l’utilisation des outils de diagnostic et fourni des kits de dépistage à des laboratoires de tout le continent. Ils continuent aujourd’hui à dispenser des conseils à travers un groupe WhatsApp.
7. Prolifique
Il est l’auteur de 121 publications scientifiques et médicales, parues depuis 1992 dans différentes revues internationales.
8. Occupé…
Sur pied tous les jours à 5 heures du matin et mobilisé au moins jusqu’à 23 heures, le quinquagénaire a des journées bien remplies. Entre deux analyses, il échange avec le Comité national de gestion des épidémies et répond à des coups de téléphone via sa montre connectée.
9… mais pas dépassé
Avec une capacité de 1 000 tests par jour, pouvant être élargie grâce à des unités mobiles (des laboratoires dans des camions), l’Institut Pasteur assure qu’il est loin d’être dépassé. Il en va de même pour les unités d’isolement comme celle de l’hôpital de Fann à Dakar, qui a accueilli les premiers malades, estime Ousmane Faye.
10. Diagnostic précoce
À l’Institut Pasteur, les premiers tests ont commencé le 6 février et le premier cas n’a été confirmé que le 28. Selon le virologue, « tout a été fait pour être prêt très tôt face à un virus qui est arrivé tard en Afrique, mais qui se propage très vite ». Une « capacité à identifier rapidement les cas suspects et à les sortir de leur communauté » qui déterminera l’évolution de la pandémie sur le continent, selon Ousmane Faye.
Le cas d’un patient sénégalais de retour d’Italie et installé dans la ville de Touba, à l’est de Dakar, devenue l’épicentre de l’épidémie au Sénégal, pourrait marquer un tournant. Le malade, diagnostiqué positif au Covid-19 le 11 mars, a déjà contaminé 18 personnes et le ministère de la Santé a identifié 71 individus avec qui il aurait été en contact. Si le nombre de contaminations devient trop important, il faudra changer de stratégie, estime Ousmane Faye, et demander aux individus de se placer en auto-isolement.
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