Algérie : Tebboune remanie l’armée à sa guise… et sans faire de vagues

Depuis son élection à la présidence, en décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune procède à une refonte progressive de l’armée et des services de renseignements. Simples ajustements ou révolution de velours ?

Le chef de l’État saluant, lors de sa prestation de serment, feu Ahmed Gaïd Salah, alors tout-puissant  chef d’état-major de l’armée, le 19 décembre 2019, à Alger. © Billal Bensalem/NurPhoto/AFP

Le chef de l’État saluant, lors de sa prestation de serment, feu Ahmed Gaïd Salah, alors tout-puissant chef d’état-major de l’armée, le 19 décembre 2019, à Alger. © Billal Bensalem/NurPhoto/AFP

FARID-ALILAT_2024

Publié le 5 juin 2020 Lecture : 9 minutes.

« On disait Tebboune entre les mains des militaires, il se révèle plutôt bon stratège, capable de composer avec eux », souffle, un brin admiratif, un fin connaisseur du sérail.

Ces dernières semaines, profitant de la torpeur liée au ramadan et à la lutte contre le ­Covid-19, le président algérien a procédé, par touches successives, à des changements d’ampleur dans l’appareil sécuritaire. Nominations, mises à l’écart, incarcérations, refonte des missions et des prérogatives… Au rythme des décrets disparaissent les hommes et le système installés par son prédécesseur.

Dernière personnalité à en faire les frais : le général-major Ammar Boussisse, directeur de la justice militaire au ministère de la Défense nationale (MDN). Le Journal officiel du 14 mai annonce son remplacement par le colonel Achour Bouguerra. Changement de génération… Auparavant, le général Belkacem Laribi s’était vu promu directeur général de la sécurité et de la protection présidentielle (DGSPP). Exit Nacer Habchi, étroitement lié à la fin de règne du président déchu.

Au cours du mois d’avril, les attributions du secrétaire général du MDN ont aussi été rognées pour limiter son pouvoir de signature. Et la direction générale de la sécurité intérieure, celle de la sécurité extérieure et celle de l’armée ont changé de responsable.

Coup du sort

Le départ probable du général de corps d’armée Ali Benali, doyen des officiers supérieurs encore en activité, serait un pas supplémentaire dans cette opération de refondation. Plus que nul autre haut gradé, Benali, qui dirige la Garde républicaine depuis juillet 2015, est l’un des derniers vestiges de cet ancien système que Tebboune s’est engagé à remiser. Aidé, dès le début de son mandat, par l’une de ces circonstances inattendues, exceptionnelles, qui changent le destin d’un président de la République.

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