Jutta Urpilainen : « L’Afrique veut un partenariat équilibré, c’est ce que nous lui proposons »

La commissaire aux Partenariats internationaux de l’Union européenne Jutta Urpilainen est au cœur de nombreuses négociations avec le continent. Au tout début de la pandémie, elle a présenté la nouvelle stratégie de l’UE pour l’Afrique.

L’ancienne ministre finlandaise des Finances Jutta Urpilainen à Helsinki, en 2018. © Roni Rekomaa/Bloomberg via Getty Images

L’ancienne ministre finlandaise des Finances Jutta Urpilainen à Helsinki, en 2018. © Roni Rekomaa/Bloomberg via Getty Images

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Publié le 1 juillet 2020 Lecture : 3 minutes.

Si elle n’est pas officiellement la « Madame Afrique » de la Commission von der Leyen, Jutta Urpilainen est au cœur de nombreuses négociations avec le continent, à commencer par celles qui concernent les accords commerciaux post-Cotonou avec les pays ACP. C’est également cette Finlandaise de 44 ans, ancienne vice-ministre, qui a présenté, le 13 mars, la très attendue nouvelle stratégie européenne pour l’Afrique. Quelques jours seulement avant l’arrivée de la pandémie…

Jeune Afrique : Quelle est la principale évolution apportée par la nouvelle stratégie européenne ?

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Jutta Urpilainen : Avec seulement trois mois pour préparer ce document, nous n’avions pas l’ambition de tout réinventer. Les priorités définies lors du sommet d’Abidjan de 2017 restent valides, qu’il s’agisse de la transition écologique, de la transformation numérique, de la croissance soutenable et de l’emploi, de la paix et de la gouvernance, et enfin des questions de migration et de mobilité, qui sont les cinq domaines clés, identifiés par la Commission, de notre future coopération avec l’Afrique. Le principal changement vient peut-être du discours lui-même. Nous voulons faire comprendre en Afrique, mais également en Europe, qu’il est temps de sortir du prisme donneur-receveur pour mettre en place des partenariats équilibrés dans le monde en général et avec l’Afrique en particulier.

Les besoins d’une politique de coopération au sens large demeurent

La pandémie actuelle ne rend-elle pas déjà cette nouvelle stratégie caduque ?

Le contexte a significativement changé ces deux derniers mois, mais cette stratégie n’a rien perdu de sa pertinence. Les tendances de fond concernant les questions climatiques ou l’innovation digitale restent les mêmes. Bien entendu, l’urgence de la situation nous demande de nous concentrer sur la lutte contre le virus, mais les besoins d’une politique de coopération au sens large demeurent en Afrique. La présentation de notre stratégie n’est que le début du processus, et nous avons lancé de vastes consultations auprès de nos partenaires africains, de nos pays membres et de nombreuses organisations présentes en Afrique et en Europe. Malgré les difficultés liées à la pandémie, ces consultations se poursuivent, et nous attendons de connaître les positions africaines pour pouvoir présenter une ligne politique commune lors du sommet que nous prévoyons toujours de tenir à Bruxelles en octobre.

Les 15 milliards d’euros d’aide sont un exemple significatif de notre solidarité

Cette pandémie n’aurait-elle pas été l’occasion pour l’UE de confirmer qu’elle est bien le partenaire particulier qu’elle prétend être pour l’Afrique ?

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L’Afrique est une priorité pour Bruxelles, et nous sommes entièrement mobilisés, aux côtés de nos partenaires africains, pour traverser cette crise ensemble, sur le court terme, le moyen terme et le long terme. Je rappelle que nous avons distribué, depuis 2014, un total de 1,1 milliard d’euros pour renforcer les systèmes de santé dans quinze pays du continent. Et je considère personnellement que les 15 milliards d’euros que nous venons de réorienter pour aider en urgence l’Afrique sont un exemple significatif de notre solidarité envers nos pays partenaires.

L’attitude des leaders du continent me semble très constructive

Avez-vous déjà une idée des attentes du côté africain ?

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Avant de présenter notre stratégie, l’ensemble ou presque du collège de commissaires s’était rendu à Addis-Abeba pour justement écouter les propositions de l’UA. Nous nous entretenons beaucoup avec les différents leaders du continent ces derniers mois, et leur attitude me semble très constructive envers cette nouvelle stratégie. Ils veulent un partenariat équilibré, et c’est ce que nous leur proposons.

Beaucoup demandent une simplification des instruments de financements européens pour plus de clarté et d’efficacité.

C’est en effet nécessaire. Le budget européen en cours de négociation pour le prochain cycle financier de sept ans contient justement la proposition émise par la Commission en 2019 de regrouper onze instruments financiers existants en un seul. Si le principe de cet Instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale (Ndici) est accepté, ce sera une énorme évolution dans le financement de notre coopération extérieure, dont l’architecture deviendra ainsi plus lisible pour nos partenaires. Le Ndici pourrait voir le jour dès la confirmation du nouveau budget et démarrer l’année prochaine.

Il nous faut le soutien des entreprises, en Europe comme en Afrique

Faut-il s’attendre également à une réorientation des investissements européens en Afrique ?

Nous sommes un investisseur de premier plan sur le continent et nous voulons le rester. Notre objectif est de développer l’investissement privé en Afrique. Nous ne pourrons pas atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) sans le secteur privé. Pour investir plus, dans davantage de projets, il nous faut le soutien des entreprises, en Europe comme en Afrique.

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