Faut-il alléger la dette africaine ? Les analyses de Tidjane Thiam, Kako Nubukpo et DSK
Alors que les conséquences de la pandémie de coronavirus frappent durement l’économie mondiale, les pays africains craignent désormais la récession. Faut-il effacer leur ardoise ? Certains le souhaitent, d’autres redoutent que cela ne nuise à leur image et à leur accès aux marchés.
La situation n’est guère reluisante. Elle est même assez préoccupante. Depuis que la pandémie de coronavirus et le confinement planétaire ont entraîné l’arrêt soudain de la machine économique mondiale et aggravé la dégringolade des prix de nombreuses matières premières, les pays africains connaissent un tarissement brutal de leurs entrées de liquidités.
Partout, de Dakar à Luanda, en passant par Kigali, dans les ministères des Finances ainsi que dans les banques centrales, le mot d’ordre est le même : il faut trouver en urgence de l’« argent frais » pour faire face aux conséquences désastreuses de cette pandémie – qui, en Afrique, seront d’abord économiques et sociales.
Menacées de récession pour la première fois en un quart de siècle, les économies africaines doivent donc dénicher des ressources non seulement pour se relancer mais aussi pour honorer leurs engagements vis-à-vis de leurs créanciers institutionnels et privés. Jamais, depuis la crise de la dette des années 1980, elles n’avaient été aussi nombreuses à craindre le défaut de paiement.
Le 14 avril, le président français, Emmanuel Macron, a ainsi appelé à une annulation « massive de la dette africaine », et avant lui le Sénégalais Macky Sall était monté au créneau pour défendre la même cause. Le 20 mai, António Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a à son tour répété que « la solidarité mondiale avec l’Afrique [était] un impératif ».
Plus récemment, David Malpass, le patron de la Banque mondiale, s’est même dit favorable à ce que l’on prolonge d’un an la période de suspension des remboursements. Entre-temps, le FMI a débloqué en urgence une enveloppe de 500 millions de dollars pour aider 25 pays pauvres (dont 19 africains) à couvrir le remboursement de six mois de dette.
Et les membres du G20, en accord avec la Chine et les pays du Golfe, ont décidé de geler temporairement le remboursement de prêts bilatéraux d’une valeur d’environ 20 milliards de dollars pour 76 pays pauvres, dont une quarantaine d’africains. Autrement dit, un consensus semble se dessiner autour de la nécessité d’alléger la dette des pays africains.
Trois types de situations
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