Alpha Condé a été président de la république de Guinée de décembre 2010 à septembre 2021. Opposant historique des deux premiers dirigeants guinéens, Ahmed Sékou Touré et Lansana Conté, il est à l’origine du Mouvement national démocratique (MND) qui deviendra le Rassemblement des patriotes guinéens (RPG-Arc-en-ciel). Il remporte l’élection présidentielle de 2010 face au candidat de l’Union des forces démocratiques de Guinée, Cellou Dalein Diallo. Il est élu pour un second mandat en 2015. En 2020, à 82 ans et à la suite d’une révision constitutionnelle controversée lui permettant de briguer un troisième mandat, il est réélu une nouvelle fois. Accusé de dérive autoritaire, il sera renversé par un coup d’État militaire en 2021 par le colonel Mamadi Doumbouya. Depuis mai 2022, il est installé à Istanbul.
L’interdiction des manifestations annoncée le 13 mai par le Comité national de rassemblement pour le développement (CNRD) a suscité une levée de boucliers à Conakry. Les partis entendent coordonner leur réponse lors d’une série de réunions imminente.
Alors que la décision d’engager des poursuites contre l’ancien président fait grand bruit, les avocats du Front national pour la défense de la Constitution, à l’origine de la plainte contre l’ex-dirigeant, restent vigilants et vont s’assurer que des investigations seront effectivement ouvertes.
Hier encore ennemis, les deux partis politiques se sont affichés côte-à-côte ce mercredi 11 mai. Ils ont désormais un adversaire commun : Mamadi Doumbouya, qui veut se maintenir au pouvoir 39 mois.
Le procureur général près la Cour d’appel de Conakry engage des poursuites « immédiates » contre l’ex-chef d’État et plusieurs de ses anciens ministres. Une réaction à la plainte du Front national pour la défense de la constitution dénonçant des exactions et des crimes de sang.
Dans un ouvrage paru récemment, le diplomate algérien, qui joua les facilitateurs dans le dialogue inter-guinéen en 2013, revient sur la crise politique qui précéda, cette année-là, les élections législatives. Et sur les difficultés qu’il eut à convaincre le chef de l’État de lâcher du lest.
Mardi 26 avril, la justice a décidé de maintenir en détention l’ex-chef du gouvernement guinéen, Kassory Fofana, et ses ministres Mohamed Diané et Oyé Guilavogui. Un sort partagé par de nombreux caciques de l’ancien régime, visés par des enquêtes de la junte.
Vendredi 22 avril au soir, la junte a annoncé avoir redonné sa liberté à l’ancien président, détenu puis en résidence surveillée depuis sa chute en septembre dernier. Si Alpha Condé a bien reçu des visiteurs, il semble encore être sous haute surveillance.
Soupçonné de détournements, l’ancien Premier ministre a été placé sous mandat de dépôt avec trois autres ex-ministres d’Alpha Condé. Ses avocats peaufinent leur stratégie de défense en multipliant les recours.
Suspendu le 29 mars pour « faute disciplinaire », à la suite de son différend avec Balla Samoura, membre influent de la junte au pouvoir, le magistrat a depuis repris du service. Jeune Afrique lève le voile sur cet électron libre.
Soigné à Abu Dhabi depuis janvier, Alpha Condé a regagné Conakry vendredi soir à la demande des « plus hautes autorités guinéennes ». L’ancien président ne souhaitait pas rentrer en Guinée.
Au sein du Rassemblement du peuple de Guinée, la bataille pour la succession du président déchu est ouverte. Déjà en lice : Kassory Fofana, l’ancien Premier ministre, Damaro Camara, l’ex-président de l’Assemblée, et Ibrahima Khalil Kaba, qui fut le chef de la diplomatie.
L’ex-chef de la diplomatie guinéenne et le docteur Mbemba Kaba sont détenus depuis plusieurs jours par les autorités de Conakry. Une interpellation qui intervient alors qu’un audio d’Alpha Condé a fuité, accentuant la guerre de succession au sein de son parti.
Le 5 septembre 2021, celui qui était alors ministre d’État et secrétaire général à la présidence était surpris par le coup d’État. Il raconte pour JA son arrestation par les hommes de Mamadi Doumbouya.
Militant depuis vingt ans, ce médecin a été nommé, le 22 janvier, à la tête du Conseil national de transition (CNT). En l’espace de quelques mois, il a su se faire une place auprès de Mamadi Doumbouya, le chef de la junte, qu’il conseille en matière de gouvernance.
Ravis de voir Alpha Condé évincé, ils avaient été les premiers à applaudir le putsch de Mamadi Doumbouya. Six mois plus tard, l’enthousiasme des principaux détracteurs du président déchu semble douché.
En faisant de la justice la « boussole » de la transition, la junte s’est lancée dans une campagne tous azimuts pour récupérer les biens de l’État et mettre de l’ordre dans les comptes publics. À l’excès ?
En s’auto-proclamant président provisoire du RPG, l’ex-Premier ministre a fait bondir certains ténors du parti. Jeune Afrique s’est procuré le document qu’il dit avoir reçu de l’ancien chef d’État.
Six mois après le coup d’État, le chef de la junte se sait observé de toute part et pressé d’obtenir des résultats. Il a imposé son style et sa méthode, au risque de déplaire. Aujourd’hui, à Conakry, les décisions sont tranchées au sein d’un comité restreint, dont on ne connaît pas les membres. Et tant pis pour la transparence.
L’ex-Premier ministre affirme avoir été désigné président par intérim de l’ancien parti au pouvoir. Mais plusieurs ténors de la formation assurent n’avoir été ni informés, ni associés à la décision.
Priorités du gouvernement, relations entre Conakry et Bamako, état de l’ancien président Alpha Condé… Le Premier ministre de la transition guinéenne répond aux questions de Jeune Afrique.
Eux aussi déchus depuis l’arrivée au pouvoir de Mamadi Doumbouya, les proches collaborateurs de l’ancien président, qui, pour la plupart, ont interdiction de quitter Conakry, ont dû se reconvertir.
Alors que l’ancien chef de l’État se fait soigner à Abu Dhabi, plusieurs personnalités sont candidates à la présidence de son parti. Et tentent de le réorganiser à leur avantage, créant des dissensions internes.
Tibou Kamara, Ismaël Dioubaté, Mamadou Diouldé Diallo… Tous sont poursuivis pour des faits de corruption et de détournements. Lutte contre l’impunité ou chasse aux sorcières orchestrée par le chef de la junte au pouvoir, Mamadi Doumbouya ?
Farouche opposant à Alpha Condé, le militant a été nommé le 3 février à la tête du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Libéré de prison au lendemain du coup d’État, il ne mâche pas ses mots face aux autorités de la transition. Et se dit prêt, s’il le fallait, à redescendre dans la rue.
Si la date de la présidentielle n’est toujours pas connue, les premiers prétendants se sont fait connaître au sein du RPG Arc-en-ciel. Mais auront-ils l’onction d’Alpha Condé ? Souleymane Camara, jeune cadre de la formation, analyse les enjeux de cette succession.
La chute de Roch Marc Christian Kaboré au Burkina Faso, renversé par Paul-Henri Sandaogo Damiba, intervient après une série de coups d’État sur le continent, du Soudan à la Guinée en passant par le Mali… La saison des putschs est-elle de retour en Afrique ? Trois décennies d’instabilité chronique en infographies.
À court ou moyen terme, les militaires français vont devoir se retirer du Mali, où leur présence n’est plus souhaitée. Mais la pire manière pour Paris serait d’y être contraint par la rue.
L’ACTUALITÉ VUE PAR… Chaque samedi, « Jeune Afrique » invite une personnalité à décrypter des sujets d’actualité. Venu à Paris présenter son nouveau roman , « Saharienne Indigo », le romancier guinéen s’inquiète des intentions de la junte au pouvoir dans son pays.