Céline Victoria Fotso : « Vive l’afro-optimisme ! »

À la fois sérieux et ludique, le site internet « Je Wanda », créé par la styliste Céline Victoria Fotso, séduit les 18-24 ans. Retour sur un succès… hallucinant.

La styliste Céline Victoria Fotso a travaillé chez Yves Saint Laurent et Smalto. DR

La styliste Céline Victoria Fotso a travaillé chez Yves Saint Laurent et Smalto. DR

Clarisse

Publié le 3 octobre 2013 Lecture : 3 minutes.

Céline Victoria Fotso, 33 ans, est la promotrice de Je Wanda Magazine. Fondé en 2010, ce site interactif de divertissement et d’actualité culturelle cible les 18-24 ans. Le concept se veut novateur : il allie internet, événementiel, mode et communication. L’objectif est d’incarner une Afrique jeune, créative et volontaire. La petite-fille de l’homme d’affaires Victor Fotso envisage aussi de réaliser une version papier de son webzine et de réaliser une émission pour la Cameroon Radio Television (CRTV), l’an prochain.

Jeune afrique : Comment votre webzine est-il né ?

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Céline Victoria Fotso : Styliste de formation, j’ai d’abord créé des tee-shirts sous la marque Je Wanda [« j’hallucine »]. Car j’hallucinais : nous avons en Afrique des plages qui valent celles des Caraïbes, des artistes talentueux, des stars aux nombreux secrets d’alcôve… D’où l’idée d’utiliser cette expression. Puis j’ai ouvert une page Facebook, Je Wanda Party, pour échanger entre amis des adresses de soirées – où je pouvais vendre mes tee-shirts. Cette vitrine est devenue Je Wanda Magazine, une plate-forme de partage des découvertes les plus insolites sur une Afrique méconnue. Succès inattendu : de 3 000 fans sur la page Facebook, on est passés à 80 000 visites mensuelles du webzine. Aujourd’hui, nous totalisons plus de 34 000 fans sur Facebook et 200 000 visites du site par mois.

Est-ce aussi un succès commercial ?

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Pour l’instant, le webzine n’est pas rentable, même si nous ne perdons pas d’argent. Nous sommes en quête d’un business model adapté à l’Afrique. C’est un pari de taille : en tant que média africain né sur le Net, nous devons nous assurer des rentrées financières constantes. Notre ligne éditoriale nous y aidera sans doute. Issu des réseaux sociaux, le site aborde des thèmes très divers [high-tech, culture, art de vivre, mode, people…], et j’y prône l’afro-optimisme. C’est important pour notre cible : des 18-24 ans très actifs, éduqués et ouverts sur l’international. Pour autant, nous ne sommes pas élitistes.

Je Wanda, c’est aussi un ton…

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On dit des choses très sérieuses sans se prendre au sérieux. L’un de nos articles a ainsi pour titre : « Tonton Christian Louboutin, pourquoi ne parles-tu jamais de tes origines camerounaises ? », une vraie problématique sur un mode ludique. Nous tenons aussi à garder un certain « parler africain ». Lorsqu’une star a un pépin, nous employons le mot « assia » [« je compatis »], par exemple. Ce sont de petits rappels de notre identité. « Je wanda » est une expression typiquement africaine. Les Japonais ont Sony, les Français le champagne… Certaines marques ou appellations s’internationalisent parce que leur contenu plaît. Elles symbolisent une culture que le plus grand nombre a envie de partager. Il devrait en être de même pour « je wanda ». J’espère prouver très vite que cette formule n’a pas vocation à ghettoïser, mais à rassembler.

En tant que petite-fille de l’homme d’affaires Victor Fotso, que répondez-vous à ceux qui vous considèrent comme une enfant gâtée ?

J’en suis surprise et fière : on ne m’a jamais fait ce type de réflexion. Je m’y étais préparée, mais ce que je fais est si sérieux que nul ne songe à m’attaquer. Certes, mon grand-père ne comprend pas très bien de quoi il s’agit, mais c’est une question de génération.

Serait-il prêt à apporter des financements ?

Je ne le laisserais pas faire. Jusque-là, j’ai mené ma barque toute seule, bien que je bénéficie du soutien moral de mes parents.

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