Côte d’Ivoire : quelle place pour le secteur privé ?

Les autorités misent en priorité sur les sociétés publiques Petroci et Sodemi. Des entrepreneurs locaux pourraient néanmoins tirer leur épingle du jeu.

Petroci a découvert l’un des tous premiers gisements ivoiriens d’hydrocarbures offshore, Foxtrot, en 1981. DR

Petroci a découvert l’un des tous premiers gisements ivoiriens d’hydrocarbures offshore, Foxtrot, en 1981. DR

Julien_Clemencot

Publié le 26 janvier 2013 Lecture : 3 minutes.

Le secteur privé ivoirien va-t-il rester en marge du développement des activités pétrolières et minières ? Jusqu’à présent, les autorités privilégient les entreprises publiques pour développer une véritable expertise locale et défendre les intérêts nationaux face aux multinationales. Petroci pour le pétrole et Sodemi pour les mines s’affirment comme les véritables bras armés de l’État dans la relance des explorations… quitte à griller la politesse à certains privés. Depuis plusieurs mois, Petroci, faisant jouer son droit de préemption, négocie ainsi le rachat des parts de la junior Afren dans l’usine de butane Lion et le bloc de gaz CI-11 qui l’alimente, empêchant leur cession à la Compagnie ivoirienne du pétrole et des mines (Cipem).

Cadence

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Les sociétés publiques ont-elles les moyens de leurs ambitions ? Oui, assure Adama Toungara, ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie. En 2011, Petroci a ainsi dégagé 43,9 milliards de F CFA de bénéfices (66,9 millions d’euros). « Il faut que Petroci utilise mieux ses ressources. On lui a fait mettre 10 milliards de F CFA dans Air Ivoire, en vain. Nous l’avons sortie d’une dizaine d’activités pour qu’elle se concentre sur l’exploitation pétrolière », explique le ministre. Loin de cantonner la société publique aux côtes ivoiriennes, les autorités veulent renforcer la présence de Petroci à l’international. L’entreprise possède déjà des permis au Congo, aux États-Unis et à Oman.

Les rares Ivoiriens détenteurs de permis préfèrent souvent les revendre au plus offrant.

Les mêmes objectifs s’appliquent, au moins au plan national, à Sodemi. Selon le ministre, cette dernière ne bénéficie pas de ses découvertes, car elle les cède trop rapidement aux sociétés minières privées. « Dans le futur, elle pourra les faire fructifier et s’associer à des partenaires privés pour exploiter ses gisements », explique-t-il. Le budget en matière de recherche devrait suivre la cadence, en étant largement revu à la hausse. À terme, les pouvoirs publics réfléchissent à l’intérêt d’une cotation boursière afin de financer le développement et les investissements de Sodemi. « Certaines start-up minières ont commencé leurs activités dans notre pays et sont aujourd’hui cotées. Pourquoi pas Sodemi ? » suggère Adama Toungara.

Patience

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Les sociétés locales privées, de leur côté, semblent devoir patienter avant de tirer profit des ressources naturelles, pourtant considérées comme un des piliers du développement national. « Si le gouvernement n’impose pas des partenaires ou des sous-traitants nationaux aux multinationales, comme au Nigeria ou au Ghana, le poids du privé ivoirien restera très limité. Pourtant il y a des Ivoiriens qualifiés au sein des majors, mais ces professionnels ne sont pas incités à créer leur propre affaire », constate un consultant, qui dénonce également un secteur resté opaque. La réussite de l’entreprise de services Kuyo Pipeline, qui s’est imposée comme spécialiste de la construction d’infrastructures, fait de ce point de vue figure d’exception.

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En revanche, aucune société n’a réellement percé dans le domaine de l’exploration pétrolière et minière, les rares Ivoiriens détenteurs de permis préférant souvent spéculer sur leur valeur en les revendant au plus offrant. À preuve, la cession à Total, après une étude sismique encourageante, de la majorité du bloc offshore CI-100 détenu par Yam’s Petroleum, de l’homme d’affaires Pierre Fakhoury.

Compétences

« Beaucoup de compagnies locales ont bénéficié par le passé de permis, alors qu’elles n’avaient ni les compétences ni les moyens financiers pour mener à bien des explorations », relève une source au sein de la direction des mines. D’ailleurs, plusieurs d’entre elles ont vu leurs autorisations remises en cause ces derniers mois. Parmi les exceptions : Transland Resources, créée par Jean Likané Yagui, ancien directeur général de Sodemi, ainsi que Jofema Mineral Resources, fondée par un ancien de BHP Billiton. Toutes les deux devraient obtenir de nouveaux permis prochainement.

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