Nigeria : Paga, cash et texto

Version nigériane de M-Pesa, Paga traite déjà 1 à 2 millions d’euros de transactions par mois. La compagnie de paiement proposera bientôt des produits bancaires et des polices d’assurance à ses abonnés.

Paga vise 15 millions d’utilisateurs à l’horizon 2017. © Paga

Paga vise 15 millions d’utilisateurs à l’horizon 2017. © Paga

Publié le 15 juin 2012 Lecture : 3 minutes.

Du guichet au clavier. Fondateur et directeur général de la toute jeune compagnie de paiement par téléphone portable Paga, Tayo Oviosu pourrait rapidement révolutionner le paysage bancaire et financier du Nigeria. En plus d’autoriser les transferts d’argent liquide sur un simple coup de fil ou par SMS, il entend pousser le concept plus loin en proposant des produits bancaires ou des polices d’assurance à ses abonnés. « Depuis le début, l’idée était de ne pas nous contenter de réaliser les opérations de transfert, mais de pouvoir offrir toute une gamme de services financiers », confirme Tayo Oviosu.

Plus de la moitié des transferts

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Dans un pays où un tiers de la population possède un téléphone portable, mais où seulement 20 % disposent d’un compte bancaire, les prestations de Paga peuvent très vite trouver leur clientèle. Moins de un an après avoir reçu sa licence d’exploitation, la société installée à Lagos traite déjà l’équivalent de 1 million à 2 millions d’euros de transactions par mois, pour le compte de 90 000 utilisateurs recensés. Un début jugé « prometteur » par Tayo Oviosu, qui, confiant dans son modèle, a néanmoins placé la barre très haut, espérant capter 600 000 personnes pour la fin de cette année… avant d’atteindre les 15 millions à l’horizon 2017. Des objectifs « à la hauteur du potentiel économique du principal marché d’Afrique », veut croire ce businessman de 34 ans à l’accent américain.

Paga est soutenu par Tim Draper, patron d’un fonds d’investissement américain habitué à soutenir les jeunes pousses de la Silicon Valley comme Skype ou Hotmail.

Diplômé en génie électrique à l’Université de Californie du Sud et titulaire d’un MBA de la prestigieuse Université Stanford, il aurait pu rester aux États-Unis. Surtout qu’après s’être fait la main chez Cisco et Deloitte, il trouve sans trop de difficulté quelques start-up californiennes prêtes à lui donner sa chance. L’envie de trouver « un vrai boulot » le pousse pourtant à décliner l’offre d’une petite compagnie encore inconnue mais promise à un bel avenir. « Je dois être le seul à avoir refusé une proposition de Google ! » sourit aujourd’hui ce fan de ski, qui glisse alors vers son pays d’origine avec l’ambition de s’y imposer.

Entrepreneur-né, il regarde d’abord en direction du marché des services de paie externalisés et s’intéresse même à la vente de cheveux postiches pour les femmes, avant de réaliser au cours de ses pérégrinations que « la plupart des Nigérians n’avaient aucun accès aux produits financiers de base ». Paga – pour « paie », en espagnol – peut alors voir le jour. Pour lever les capitaux nécessaires, Tayo Oviosu s’appuie sur son réseau de Stanford qui lui fait rencontrer Tim Draper, patron d’un fonds d’investissement américain habitué à soutenir les jeunes pousses de la Silicon Valley comme Skype ou Hotmail. C’est lui qui finance l’aventure sur sa cassette personnelle, débloquant suffisamment d’argent pour permettre à Tayo Oviosu de démarrer vite et de capturer une part importante du marché avant l’arrivée de la concurrence. D’après son directeur général, Paga enregistre actuellement « plus de la moitié des transferts réalisés au Nigeria », et, si la compagnie ne gagne pas encore d’argent, les premiers bénéfices sont espérés « dans les deux ans ».

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Fraudeurs

En attendant, Tayo Oviosu n’a rien changé à son style de vie. Au complet gris souris des hommes d’affaires, il préfère toujours sa paire de jeans noir délavé, retombant nonchalamment sur ses baskets montantes vert fluo. Il est encore trop absorbé à sécuriser ses services pour s’occuper de sa garde-robe. « Plusieurs fraudeurs ont tenté de pénétrer le réseau ces dernières semaines », s’inquiète le jeune homme, obligé de mettre un temps le système en veilleuse. « Tout sera bientôt prêt. Nous devons de toute façon être bientôt prêts », insiste Tayo Oviosu, qui compte proposer ses tout premiers produits financiers avant la fin du mois de juin. 

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© Financial Times et Jeune Afrique 2012. Tous droits réservés.

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