Salah Sayel, sentinelle de la Bourse de Tunis
Figure historique de la Place de Tunis, Salah Sayel, le nouveau président du Conseil du marché financier, sera attentif à la transparence des opérations.
Nommé en mars à la tête du Conseil du marché financier (CMF), Salah Sayel, 51 ans, a fait toute sa carrière au sein du gendarme de la Bourse tunisienne. Titulaire d’un diplôme de l’Institut supérieur de gestion de Tunis, il participe dès 1987 au lancement de la place financière, avant de superviser, au début des années 1990, les nouvelles introductions sur le marché. Parallèlement, il intègre le comité technique de privatisation des entreprises publiques.
Une position privilégiée pour observer la dérive prédatrice de l’ancien régime, notamment lors de la cession de la Banque du Sud à Attijariwafa Bank en 2005, opération avant laquelle Sakhr el-Materi, gendre de l’ex-président, a profité d’un délit d’initié pour racheter une part minoritaire. « Mais, globalement, les incursions du clan au pouvoir dans la sphère financière ont été rares », estime Salah Sayel, qui, aujourd’hui, parle sans tabou et revendique une totale liberté d’action. « L’indépendance, c’est dans les textes et dans la tête », assure-t-il.
Globalement, les incursions du clan au pouvoir dans la sphère financière ont été rares.
S’il ne renie pas les réalisations de son prédécesseur Férid Kobbi, le nouveau patron du CMF mesure le chemin à parcourir pour faire de la Bourse de Tunis une référence régionale. Au rang de ses ambitions figurent un meilleur encadrement du capital-investissement ou encore le renforcement des fonds propres à demander aux sociétés d’intermédiation quand elles gèrent de gros contrats.
Enquête.
L’ancien chef des enquêtes et des plaintes (1997-2008) reste également attentif à la transparence des opérations. À preuve, la possible ouverture d’une enquête sur la compagnie Electrostar, dont l’action a grimpé de 115,5 % sans raison entre le 15 mars et le 5 avril. Il souhaite aussi qu’à l’avenir les sociétés améliorent la forme et les délais de la publication des informations réglementaires.
Salah Sayel sait enfin que l’attractivité de la Bourse de Tunis dépend en partie de la profondeur de son marché. « À terme, nous visons la cotation d’une centaine d’entreprises [contre 57 aujourd’hui, NDLR] et le doublement de la capitalisation [16 milliards de dinars actuellement, soit 8 milliards d’euros]. Dès cette année, nous espérons l’introduction sur le marché de trois ou quatre sociétés de l’immobilier ou de l’industrie », lâche-t-il sans plus de précisions.
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