Un bureau pour deux, trois… vingt-cinq !

Loyer modéré, flexibilité et émulation : les espaces de travail partagés font leur chemin en Afrique. Prisés des professionnels des nouvelles technologies, ces lieux agissent comme des catalyseurs d’innovation.

Karim Sy, fondateur de l’espace JokkoLabs, qui propose du "co-working". © Elise Fitte Duval/J.A.

Karim Sy, fondateur de l’espace JokkoLabs, qui propose du "co-working". © Elise Fitte Duval/J.A.

Publié le 23 avril 2012 Lecture : 2 minutes.

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Emploi et formation : réseaux sociaux, coworking..

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À l’image de l’agence 3W, pionnière au Sénégal en matière de communication web spécialisée dans les réseaux sociaux, nombre de start-up florissantes optent pour les espaces de coworking plutôt que de louer des locaux. Malgré l’augmentation de ses effectifs, 3W a ainsi choisi de rester domiciliée chez JokkoLabs, un espace de travail partagé ouvert il y a un an et demi à Dakar.

« Le loyer y est certes plus abordable [environ 65 000 F CFA par mois et par personne, soit 100 euros, NDLR], mais c’est avant tout la flexibilité et l’émulation positive au contact des coworkers qui expliquent le choix de 3W », explique Karim Sy, fondateur du lieu.

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Quelques pionniers

Au Sénégal
•JokkoLabs, à Dakar
• Bantalounge, à Saint-Louis

En Côte d’Ivoire
• Akendewa, à Abidjan
• AMN Coworking Space, à Abidjan

Au Cameroun
• ActivSpaces, à Buéa

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Au Maroc
• Le premier espace de coworking ouvrira début mai à Casablanca.

Synergies

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JokkoLabs, du wolof joxko (« donne-lui ») et jotko (« rejoins-le »), accueille en tout une cinquantaine de « jokkoworkers », dont 25 permanents. Qu’ils soient blogueurs, community managers, développeurs ou graphistes, ils travaillent tous grâce aux nouvelles technologies.

Le succès de tels espaces repose sur leur capacité à rassembler et à animer la « tech-communauté » locale en agissant comme des catalyseurs d’innovation. Rencontres et synergies y sont facilitées, permettant ainsi à des aventures entrepreneuriales originales de prendre forme, qu’il s’agisse de créer un site internet ou une application smartphone innovante.

Le développement des structures de coworking a connu une explosion récente. Alors qu’il n’en existait que trois à travers le continent en 2010, on en dénombre aujourd’hui une quinzaine.

Si les pionniers sont apparus dans la partie anglophone – notamment au Kenya -, l’Afrique francophone n’est pas en reste : elle en regroupe un bon tiers. Et les expériences s’avèrent concluantes au Cameroun, au Sénégal et en Côte d’Ivoire. Abidjan, par exemple, possède déjà deux espaces de travail partagés, Akendewa et AMN Coworking Space.

Plateforme virtuelle

En parallèle de ces espaces, d’autres organisations émergent pour aider les entrepreneurs du web. Certaines sont entièrement virtuelles, comme Venture Capital for Africa (VC4A), qui a conçu un portail de rencontres entre e-créateurs et investisseurs. « Nous connectons nos membres en fonction de leurs besoins, à la manière d’un réseau peer to peer », explique Ben White, son cofondateur.

Les 200 start-up enregistrées sur le site ont des besoins compris entre 50 000 et 250 000 dollars (de 37 000 à 187 000 euros). La plateforme permet notamment à des business angels étrangers, souvent membres de la diaspora, d’accéder à des projets innovants qui n’auraient peut-être pas vu le jour faute d’investisseurs locaux.

Entrepreneurs invétérés

Plus que de simples gérants, les créateurs des espaces de coworking sont avant tout des entrepreneurs invétérés. Ainsi en Côte d’Ivoire, le président d’Akendewa, Jean-Patrick Ehouman, est également le fondateur d’une web agency baptisée AllDenY. Il a aussi fait parler de lui en mettant en place un site d’alertes, Ushahidi, lors de la crise postélectorale de 2011. Ce système, qui permet de signaler en temps réel les témoignages de violences sur Google Maps, a été inventé par une équipe d’un autre espace de coworking pendant les troubles de 2007 au Kenya. « À Abidjan, nous avons aidé à secourir 82 personnes en danger de mort en facilitant l’arrivée des secours et la mise en relation avec des médecins via un centre d’appels délocalisé au Ghana », relate l’entrepreneur. N.T.

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